17 juin 2013

Libido & représentations imaginatives


Les deux formes de pensée :

la pensée sans but
La manifestation de l’énergie indifférenciée, dite libido, avons nous dit, que ce soit en conscience ou sans est toujours issue d’un vécu subjectif. Vécu pouvant prendre l’aspect d’un senti, mais aussi, d’une image « interne » éloignée du réel sensoriel.
Bien avant que l’homme soit capable de s’introspecter, dans la lointaine antiquité donc, cette manifestation se vérifie encore davantage, par exemple, par la production d’images au caractère général et collectif.
L’homme primitif pouvait ainsi, être capable de libérer très spontanément ce qu’il trouvait en lui.  Parce qu’en ces temps lointains, la pensée dirigée, ne s’exerçait pas. Comme la pensée dirigée ne s’exerçait pas, la pensée imaginative pouvait s’écouler naturellement et pouvait produire les fameux mythes.     

L’élément collectif et général prévalait aussi parce que les problèmes de l’individu, ceux qui relèvent d’une vie individuelle n’existaient pas encore.  Tout était ramené à la vie collective, autrement dit à la vie instinctive animant la psyché. Jung a appelé cette forme de pensée, la pensée non dirigée, une pensée qui repose sur des motifs subjectifs, des motifs inconscients et donc sur des instincts.

La pensée dirigée ou avec but
Cette pensée primitive se distingue très nettement de la pensée dirigée qui est celle de la pensée par le langage parlé que nous pratiquons habituellement. La pensée dirigée ou la pensée en mot, comme le dit jung est la pensée qui a forcé l’homme à trouver une entente commune. Elle a permis au tout début de l’histoire du monde l’émergence de l’empirisme, de la science et de la technique d’aujourd’hui. En clair, c’est la pensée qui permet l’adaptation psychologique au monde réel. Elle sert à communiquer et est toujours guidée par un but, notre fameuse volonté.

La libido dans la pensée subjective
La pensée imaginative ou subjective ne produit rien qui ne serve à l’adaptation. Au contraire, elle détourne du réel et libère des tendances subjectives. Elle est un pur produit de l’inconscient. Et donc une manifestation de la libido. L’énergie psychique dans cette forme de pensée, se met à animer des images pré-imprimées qui s’agencent non selon une direction précise, nous dit Jung, mais pioché dans le passé ou le futur, ici de l’espèce ; un peu comme dans la pensée en rêve – Dans les Métamorphoses, certes, Jung n’emploie pas encore le mot archétype, mais il est clairement sous entendu –

Déesse de la lune et Dieu soleil
La pensée subjective est le résultat en quelque sorte de l’énergie se propageant dans les différents motifs intimes et inconscients propre à produire des représentations collectives.   
La réalité et les objets qui la compose portent de fait, le déguisement de l’image intérieure produite par l’énergie et correspond aux fantaisies subjectives. Par exemple l’homme naïf ne percevait pas la lune comme un simple mini corps céleste visible depuis la terre, mais  comme la représentation concrète de la déesse féminine, qui n’est autre que le très vieux principe spirituel, l’Eros, dit encore le principe féminin, que l’on appelait en Chaldée la déesse de la lune[1].  Les Chinois quant à eux, appelaient la lune Yin, ou la puissance ténébreuse de la femme.
Ecoutons enfin ce que nous nous dit Jung sur le couple soleil/lune  "La naïveté de l’antiquité la plus reculée considérait le soleil comme le gigantesque père du ciel et la lune comme la mère féconde".  
Cet exemple très brièvement rapporté ici, indique combien l’homme archaïque regardait le monde non pas pour s’adapter à lui mais pour l’adapter à son propre monde intérieur autrement dit à ses fantaisies et à ses espérances subjectives. Par exemple l’homme naïf imaginait le soleil avec des ailes, avec des jambes, des bras etc…

L’énergie lorsqu’elle est constellée par la pensée imaginative, c’est à dire lorsqu’elle anime les motifs inconscient ou les archétypes, peut révéler  aisément la cartographie de la psyché humaine. C’est pour cela qu’il est essentiel d’examiner les matériaux historiques si l’on désire sonder en profondeur les fondements de la psychologie humaine.

Il semblerait que les deux images, motifs ou archétype du féminin (l’Eros) et du masculin (le logos) occupent une place majeure dans l’organisation de la psyché humaine inconsciente. Puisque leurs représentations esthétiques exprimées sous la forme de divinités, certes fort changeantes, apparaissent d’évidence de manière marquée dans toutes les religions anciennes.



[1] Esther Harding – Les mystères de la femme -


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