17 avril 2006

C.G.Jung et l'Astrologie


L'astrologue mathématicien étudiant les lois du zodiaque

Voici quelques courts extraits de textes et de lettres piochés dans l'œuvre écrite de Jung et qui témoignent de l'idée que ce dernier se faisait de l'astrologie.
Les textes sont tirés du livre de C.G.Jung, "L'homme à la découverte de son âme" Albin Michel. Et les lettres des tomes II & V " C.G.Jung Correspondance" Albin Michel.








Ptolémée, table astronomiques VIII-IXème
Au Docteur B.Baur
(Zurich)



le 29 septembre 1934





Monsieur le Docteur,



Merci beaucoup pour les aimables démonstrations. En ce qui concerne l'argument de la précession*, ce n'est pas une objection contre la validité de l'astrologie, mais contre la théorie primitive affirmant que les astres eux-mêmes diffusent certains effets. L'argument de la précession dit, comme on le sait, qu'un homme [de notre temps] né dans le degré 1 du bélier (donc quand un degré du Bélier a, comme on dit, franchi l'horizon à l'est) n'est nullement né à cette date, mais au contraire dans le degré 2 des Poissons. Les forces secrètes du soleil sont dans le degré 1 du Bélier, la lune par exemple dans le degré 7 du Cancer, Vénus, Jupiter, dans des positons analogues ; elles ne sont donc pas en harmonie sur le plan astronomique et ne peuvent de ce fait pas venir de ces positions seulement apparentes et fixées arbitrairement. Aussi Choisnard* écrit-il très justement que : "Le Bélier reste toujours dans la 12e partie du zodiaque etc.", à l'évidence il entend par là que le soleil dans le Bélier n'est pas un énoncé astrologique, mais une indication temporelle. C'est le printemps qui recèle les forces agissantes, sans souci de savoir dans quel signe du zodiaque le soleil se trouve réellement. Dans quelques millénaires, lorsque nous dirons Bélier, le soleil se trouvera en réalité dans le signe du Capricorne, donc en plein hiver, sans que le printemps ait perdu de ses forces.
Le fait que l'astrologie donne pourtant des résultats valables prouve donc que ce ne sont pas les propositions apparentes des astres qui agissent, mais les temps qui ont été mesurés ou déterminés par des positions astrales auxquelles on donne des dénominations arbitraires. Le temps s'avère ainsi être un fleuve d'évènements rempli de qualités et non comme le voudrait notre philosophie, une conception ou une condition de notre entendement abstraite en soi.
La validité des résultats de l'oracle du I Ching* fait ressortir le même fait étrange. L'exploration soignée de l'inconscient montre une étrange coïncidence avec le temps, ce qui explique d'ailleurs que les Anciens aient pu projeter la succession de contenu perçus inconsciemment et intérieurement dans les cadres extérieurs temporels de nature astronomique. Ce fait est à la base des liens existant entre les évènements spirituels et les cadres temporels. Il ne s'agit donc pas par exemple de liens indirects comme vous le supposez, mais de liens directs. Conjonctions, oppositions, etc. ne sont vraiment pas influencés par le fait qu'arbitrairement nous appelons degré 1 du Bélier ce qui est degré 2 des Poissons.

Meilleures salutations,



Votre dévoué
[C.G.Jung]


*Le point de l'écliptique (orbite solaire apparente) où se trouve le soleil au moment de l'équinoxe, le 21 mars (degré 0 du Bélier), est appelé point vernal (ou point gamma). Par suite du mouvement gyroscopique de l'axe de la terre, le point vernal se déplace sur l'écliptique dans le sens des aiguilles d'une montre. C'est ce que l'on nomme sa précession. Ce phénomène fut découvert au 2è siècle avant J-C, par l'astronome grec Hipparque de Samos. Une révolutionne complète du point vernal le long des douze constellations que compte l'astronome derrière l'écliptique, dure environ 25 000 ans sur la toile de fond d'une constellation différente (un "mois platonicien"). Pendant les 2 000 derrières années, on pouvait voir la constellation des Poissons derrière le point vernal. Maintenant il s'approche du Verseau. Dans l'astrologie occidentale, la précession du point vernal n'est pas prise en considération, au contraire même, dans les horoscopes actuels le point vernal est toujours placé dans le degré 0 du Bélier. C'est ce qui constitue le principal argument contre l'astrologie.
*Paul Flambart (Paul Choisnard) Preuves et Bases de l'Astrologie scientifique, 2è édition, Paris 1921, p.162:"… aujourd'hui comme dans l'antiquité on peut appeler Bélier la douzième partie du zodiaque que traverse le soleil aussitôt après l'équinoxe de printemps…".
* Traduit du chinois en allemand et expliqué par Richard Wilhelm, Iéna 1923, 2 volumes. Il s'agit d'un livre de sagesse et de prophéties dont les origines remontent à l'antiquité mythique.







Ptolémée projette les coordonnées terrestres, William Blake
Question adressée à Jung : "Si, comme vous le prétendez, notre psyché se trouve projetée dans les choses, qu'elle anime de ses propres données inconscientes, comment se fait-il que l'astrologie et les autres "sciences occultes" présentent de l'intérêt aux yeux de l'homme réputé conscient ?"

Réponse de Jung : L'astrologie a une grande importance et je suis loin de la sous-estimer. Cela ne veut pas dire qu'il faille supposer que les constellations éternelles soient responsables des caractères de chacun et de leurs particularités. Les constellations nous servent essentiellement à préciser notre position dans l'espace et à mesurer le temps. Mais ne soyons pas comme ce célèbre dilettante de l'astronomie qui l'admirait aveuglément en ce qu'elle permettait de fixer le poids, la composition chimique des étoiles et surtout de découvrir leurs noms ! Elles ne portent pas des noms qu'elles possèdent à priori, mais bien ceux que nous leur avons données et qui servent en partie de repères dans le temps; c'est là que commence le grand problème de l'astrologie. Comment se fait-il qu'une époque, qu'une période donnée possède certaines qualités qui se reflètent dans les choses et les êtres qui les ont traversées ou qui y ont pris naissance, qualités qui permettent aussi de conclure en retour à l'époque où ces choses ont été engendrées ? Ce problème paraît d'un point de vue philosophique être extrêmement compliqué, alors que dans la pratique il est fort simple ; j'ai par exemple chez moi une vieille armoire dont un connaisseur compétent me dirait qu'elle a été faite vers 1720 à tel ou tel endroit, par tel ou tel maître. Comment le sait-il ? C'est là la science du bon antiquaire ! De même un fin connaisseur en vin pourra préciser l'année, le cru et la cave de tel ou tel échantillon. Il sait que le vin de telle année et de tel coteau, en raison des conditions particulières qui régnèrent alors, a acquis une saveur qui le distingue des vins que ces mêmes vignes livrèrent les autres années. Il en va de même des hommes ; nous sommes nés à un moment donné, en un lieu donné, et nous avons, comme les crus célèbres, les qualités de l'an et de la saison qui nous ont vus naître. L'astrologie n'en prétend pas davantage.







Ptolémée, table astronomiques VIII-IXème
To Pr.B.V.Raman*
Bangalore/India


6 septembre 1947


Dear Pr.Ramn,


Je n'ai pas encore reçu l'Astrological Magazine, mais je veux quand même répondre tout de suite à votre lettre.
Vous voudriez savoir ce que je pense de l'astrologie ; il y a plus de trente ans que je m'intéresse à cette préoccupation de l'esprit humain. Ce qui m'intéresse avant tout en tant que psychologue, c'est la question de savoir comment la complication de certains caractères peut-être élucidée au moyen de l'horoscope. Dans les cas de diagnostic psychologique difficiles, je fais la plupart du temps dresser un horoscope pour disposer d'un point de vue, nouveau. Dans beaucoup de cas les indications de l'astrologie contenaient une explication pour certains faits que je n'aurais pas compris sans elle. D'une telle expérience j'ai tiré la conclusion que l'astrologie présentait un intérêt tout particulier pour le psychologue. Elle est fondée sur un fait psychologique d'expérience que nous appelons "projection" – c'est-à-dire que ce que nous trouvons dans les constellations astrales, ce sont en quelque sorte des contenus de l'âme. A l'origine il en est résulté l'idée que ces contenus provenaient des astres, alors qu'ils n'ont avec eux, en fait, qu'une relation de synchronicité*;
Je conviens que c'est très singulier, et que cela jette une lumière étrange sur la structure de l'esprit humain.
Ce que je regrette dans la littérature astrologique, c'est surtout l'absence d'une méthode statistique par laquelle certains faits fondamentaux pourraient recevoir une base scientifique.
J'espère que ma lettre à répondu à votre question.


Yours sincerely
[C.G.Jung]


* L'en-tête de sa lettre est ainsi libellé :"Kaman Publicaitons, Proprietor B.V.Raman ; The Astrological Magazine (India's Leading Cultural Monthly)."
* Par la suite, Jung a modifié par deux fois ce point de vue. Cf. lettres à A.Jaffé, 8 septembre 1951, n 2 et à Bender, 10 avril 1958.






le zodiaque, XVIème
15 novembre 1958
To Robert L.Kroon







L'astrologie est une de ces méthodes intuitives comme le Yi-King, la géomancie et autres procédés de divination. Elle est fondée sur le principe de synchronicité, c'est-à-dire sur des coïncidences significatives. J'ai exploré expérimentalement trois de ces méthodes intuitives ; celle du Yi King, la géomancie et l'astrologie.
L'astrologie est une psychologie naïvement projetée dans laquelle les attitudes et les tempéraments humains sont représentés par des dieux et identifiés à des planètes ou à des constellations du zodiaque. Lorsque je travaillais sur l'astrologie, j'ai eu plus d'une fois l'occasion de l'appliquer à des cas particuliers.
On constate de remarquables coïncidences, par exemple la position de Mars au zénith dans le fameux horoscope de Guillaume II, qu'on a appelé le "Friedenskaiser". Déjà dans un traité médiéval il est dit que cette position signifie toujours un casus ab alto, un cas qui vient du haut.
Une telle expérience est très impressionnante pour un esprit versatile, peu sûre lorsqu'elle est aux mains de quelqu'un sans imagination, et dangereuse dans celles d'un fou, comme c'est le cas pour toutes ces méthodes intuitives. Si on s'en sert intelligemment, elle peut être utile lorsqu'on a affaire à une structure particulièrement opaque. Elle permet souvent des intuitions surprenantes. Sa limite la plus sûre est constituée par le manque d'intelligence et d'ouverture d'esprit de l'observateur. Elle constitue un intelligent aperçu comme peuvent l'être les lignes de la main ou l'expression du visage – toutes choses dont un esprit stupide et sans imagination ne peut rien faire et à partir desquelles un esprit superstitieux tire les pires conclusions.
La vérification statistique des "vérités" astrologique est discutable et même improbable. (CF mon article "Synchronicity" ; an acausal connecting principle", in Jung-Pauli, The interprétation of nature and the Psyche, Bollingen Series, vol LI, New York, 1952 p83sq.).
Leur utilisation superstitieuse (qu'il s'agisse de la prédication de l'avenir ou de l'établissement de certains faits à travers les possibilités psychologique) est fallacieuse.
L'astrologie diffère beaucoup de l'alchimie dans la mesure où la littérature historique en la matière consiste simplement en l'exposé des différentes méthodes qu'on peut utiliser pour monter un horoscope et pour l'interpréter, et non en textes philosophiques, comme c'est le cas pour l'alchimie.
Il n'existe pas encore de présentation psychologique de l'astrologie, compte tenu du fait qu'on ne dispose pas à ce propos du fondement empirique nécessaire à la démarche scientifique. Et la raison en est que l'astrologie n'obéit pas au principe de causalité, mais relève, comme toutes méthodes intuitives, de l'acausalité. Il n'est pas douteux que l'astrologie est aujourd'hui plus florissante qu'elle l'a jamais été dans le passé, mais en dépit de son usage de plus en plus fréquent, elle n'est encore explorée que de façon très insatisfaisante. Elle ne constitue un instrument heureux que si on s'en sert intelligemment. Elle n'est pas du tout à toute épreuve et, si c'est un esprit rationaliste et borné qui s'en sert, elle s'avère franchement nuisible.



Yours cordially,
[C.G.Jung]









Extrait de la lettre adressée au Docteur Michael Fordham – le 18 juin 1954 –

Critiques majeures que je fais aux astrologues
Si j'ose me prononcer sur un domaine que je ne connais que très superficiellement, je dirais que l'astrologue ne considère pas toujours ses indications comme de pures possibilités. L'interprétation est trop littérale et trop peu symbolique, aussi trop personnelle. Le "zodiaque" et les planètes ne sont pas des traits personnels, mais plutôt des données impersonnelles et objectives. Aussi [elle aussi] l'interprétation des maisons devrait considérer plusieurs "couches de signification".
Il est évident que l'astrologie peut offrir beaucoup à la psychologie, mais ce que la dernière peut contribuer à sa sœur aînée est moins évident. En tant que je peux juger, il me semble qu'il serait avantageux pour l'astrologie qu'elle se rendrait compte de l'existence de la psychologie, surtout celle de la personnalité et de l'inconscient. Je suis presque sûr qu'on puisse en apprendre quelque chose de sa méthode d'interprétation symbolique. Il s'agit là de l'interprétation des archétypes (les dieux) et de leurs relations mutuelles, commeune aux deux arts. C'est la psychologie de l'inconscient qui s'occupe particulièrement du symbolisme archétypique.






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16 avril 2006

La liste des découvreurs de l'Inconscient

"Pour ainsi dire depuis l'aurore de la civilisation, l'homme s'est douté qu'il existait une activité de l'esprit en dehors de la conscience vigile".
Margetts


Denys l'Aréopagite (50 ap.J-C environ)
Dans sa doctrine mystique, cet auteur non identifié reconnaît que la vraie connaissance s'acquiert dans l'aptitude à faire le vide en soi, pour se rendre réceptif. C'est pourquoi, il fut l'inventeur d'un mot nouveau : "la science la plus parfaite de Dieu est celle qui est sue par l'inscience".




Galien (130-200 environ ap.J.C.)
Père de la physiologie expérimentale, il est le plus grand médecin de l'Antiquité après Hippocrate. Selon lui, les maladies proviennent d'un déséquilibre dans les 4 grandes humeurs qu'il établit suivant le schéma de physiologie humaine des 4 éléments (eau, air, terre, feu).
En matière d'inconscient, il passe pour avoir reconnu que nous tirons des inférences inconscientes de nos perceptions.


Plotin (204-270 environ)
Pour ce philosophe romain et fondateur du néoplatonisme, "l'absence de perception consciente ne prouve pas que l'âme soit inactive". En effet, pour ce penseur, la raison et l'entendement existent à l'état pur. Si nous manquons d'attention et de concentration les manifestions de la raison demeureront imperceptibles, seule une pensée sans image subsistera.




Saint Augustin (353-430)
Ce Docteur de la grâce et du péché originel est l'un des premiers à avoir souligné l'importance du rôle de la mémoire.
Il place au point de départ de nos décisions dites libres, des forces secrètes indépendantes de notre volonté. Augustin est peut-être à sa manière un précurseur de la psychanalyse.


Saint Thomas d'Aquin (1224-1274)
Ce dernier a souligné de nombreuses fois l'importance de ce qui en nous est inconscient. Notamment, il a écrit : "je ne peux considérer mon âme en dehors de ses actes. Il y a donc dans l'âme des processus dont nous ne sommes pas immédiatement conscients."



Maître Ekhart (? - 1327)
Dans la lignée de la tradition mystique, ce philosophe mystique allemand a écrit : "L'homme parfait doit être si exercé à faire mourir sa personnalité propre, si dépouillé de son moi et re-créé en Dieu, qui seul est encore pour lui la béatitude, qu'il sache plus rien de lui-même ni de quelque choses que ce soient, mais de Dieu seul…"



Dante (1265-1321)
Il savait que nous oublions souvent des souvenirs dont nous avons honte.






Paracelse (1493-1541)
Il est l'un des premiers penseurs de l'époque à avoir reconnu l'intervention de l'esprit dans la maladie. Médecin suisse, son œuvre marque le passage de l'attitude mystique à l'attitude scientifique. Il émit l'hypothèse que l'existence d'influences à la fois biologiques et spirituelles guide les actes des hommes, sans que ceux-ci le sachent. Jung a écrit à propos de cet auteur : "De toutes les intuitions de Paracelse, celle de "l'Aquaster" est la plus proche de la conception moderne de l'inconscient. Pour Paracelse, l'imagination est un pouvoir créateur qui prime toutes les autres facultés.


Jacob Boehme (1575-1624)
Cordonnier allemand, il est l'un des plus grands mystiques qui voyait dans la volonté inconsciente la source de toutes choses, divines et naturelles :
"Devant Dieu, je ne saurais dire comment cela a surgi en moi, sans le concours de ma volonté. Je ne connais pas cela même que je dois écrire".
Pour Boehme, l'homme caché est "l'être même de Dieu". Pour lui, comme pour bien d'autre après lui, dont Jung, on rencontre Dieu "dans les profondeurs" plutôt que "dans les hauteurs". Dieu est la source, la racine, l'abîme. La Nature est une émanation de Dieu, et nous nous immergeons en lui. Dieu est la nature.

Montaigne (1532-1592)
Voici un court extrait des intuitions qu'eues cet esprit sceptique du rôle limité de la conscience : "Or, ces passions qui ne nous touchent que par l'éscorce, ne se peuvent dire nostres; et leur douleurs que le pied ou la main sentent pendant que nous dormons, ne sont pas à nous…"




Shakespeare (1564-1616)
N'a-t-il pas écrit : "Mon esprit est trouble comme une fontaine remuée et moi-même, je n'en vois pas le fond". La pensée de cet auteur renforce cette prise de conscience des profondeurs de l'esprit qui s'affirmait de plus en plus nettement.


Descartes (1595-1650)
Nous savons que Descartes, en définissant l'esprit par la conscience uniquement, c'est-à-dire, débarrassé des émotions profondes, a provoqué, par réaction la découverte en Europe de l'esprit inconscient.
Mais l'homme, Descartes, a eu très certainement un inconscient très vivant et très actif. Descartes était en fait un homme mutilé, qui voyait dans ces rêves, ainsi qu'il le dit lui-même, un commandement divin d'avoir à consacrer sa vie intérieure à la recherche de la vérité.


Pascal (1623-1662)
Contrairement à Descartes, Pascal ne considéra pas la raison comme une fin en soi, ceci malgré le vif intérêt qu'il portait à la clarté mathématique. Plus tard il en vint à renoncer aux mathématiques pour se consacrer à la vie religieuse. Celui qui a écrit "le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas" était persuadé que derrière la raison consciente se cachait un grand secret. Il appelait d'ailleurs "cœur" les profondeurs obscurs de la nature humaine, le siège du savoir véritable et de la volonté.
"Il ne faut pas se méconnaître ; nous sommes automates autant qu'esprit ; et de là vient que l'instrument par lequel la persuasion se fait n'est pas la seule démonstration. Combien il y a-t-il de choses démontrées ! Les preuves ne convainquent que l'esprit. La coutume fait nos preuves les plus fortes et les plus crues ; elle incline l'automate, qui entraîne l'esprit sans qu'il y pense". Enfin : "Cette impuissance ne doit donc servir qu'à humilier la raison, qui voudrait juger de tout, mais non pas à combattre notre certitude, comme s'il n'y avait que la raison capable de nous instruire. Plût à Dieu que nous n'en eussions au contraire jamais besoin, et que nous connussions toutes choses par instinct et par sentiment ! Mais la nature nous a refusé ce bien ; elle ne nous a au contraire donné que très peu de connaissances de cette sorte ; toutes les autres ne peuvent être acquises que par raisonnement."

B. Spinoza (1632-1677)
Spinoza avait le sentiment aigu que l'individu était une partie de la nature. Il a souligné l'importance d'une mémoire inconsciente et de mobiles inconscients dans l'édification d'une personnalité inconsciente.
"Les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs volitions et de leur appétit, et qu'ils ne pensent pas, même en rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir parce qu'ils les ignorent."


Leibniz (1646-1716)
Il est le premier penseur européen à avoir formuler très clairement l'idée d'une activité mentale inconsciente. Il soutient que les perceptions ordinaires sont la sommation d'innombrables petites perceptions et nous ne pouvons être conscients de chacune d'entre elles parce qu'elles se trouvent au-dessous d'un seuil quantitatif.
"Nos idées claires sont comme des îles qui surgissent sur l'océan des idées obscures".


Giambattista Vico (1668-1744)
Historien et philosophe italien, il fut le premier penseur à avoir chercher dans l'arrière-plan du développement historique humain l'expression de lois naturelles. Par exemple il discernait la loi d'un éternel retour dans la naissance, la maturité et le déclin de toutes les civilisations. Dans ces écrits, il donne une description complète pour illustrer l'émergence de la toute première société humaine au sein de laquelle l'homme non encore conscient vit à l'état sauvage et en symbiose avec les lois naturelles. Une grande partie de son œuvre est consacrée à la description du psychisme inconscient humain. Vico accorde également un vif intérêt à l'origine des mythes communs à l'ensemble d'une société. Origine qu'il attribue à l'existence d'un "sens commun" présent chez tous et qui opère aux travers de choix non réfléchis. Son œuvre constitue en quelque sorte les prémices d'une pensée sur l'inconscient collectif.


C.A.Crusius (1715-1773)
Personnage peu connu, il a pourtant contribué à donner à la notion d'inconscient un sens nouveau. Avec Crusius, l'inconscient n'est plus abordé suivant ses aspects cognitifs, mais en tenant compte de tout ce qui se tient sous les aspects cognitifs de l'inconscient. L'inconscient devient ainsi, avec Crusius, le siège des passions.
Crusius a divisé les facultés de l'âme en deux catégories : la pensée et la volonté. La conscience étant pour lui un "sentir" intérieur. Il peut d'ailleurs y avoir perception externe sans que cette conscience intérieure y participe. Il fut le premier philosophe également à avoir évoquer l'existence de plusieurs niveaux de conscience qui se signale chacun par la présence plus ou moins vivace du sentiment intérieur.


Rousseau (1712-1776)
Cet auteur a expérimenté ce qu'affirmait Crusius, et nous en a fait amplement profiter au travers de son œuvre. Rousseau était sans arrêt bouleversé par le tumulte impétueux de ses émotions. En un sens, l'auto-analyse incessante à laquelle Rousseau s'est livré à conduit à découvrir le rôle important joué par la volonté et les émotions qui se déroulent en-deçà du seuil de conscience.





Johann Georg Hamann (1733-1788)
Philosophe allemand de la religion et profondément humaniste, Hamann refusait d'admettre les grands systèmes philosophiques abstraits. Il était pour l'expérience immédiate, et insistait beaucoup sur la valeur fondamentale des relations interpersonnelles dans la vie d'un individu. Mais surtout, il refusait de penser que la conscience individuelle soit quelque chose d'autonome. Elle était pour Hamann, plutôt l'instrument de forces supra personnelles au service de la nature. "Notre raison doit attendre, espérer, et chercher à être la servante et non la maîtresse de la nature". Les idées et la personnalité de Hamann influencèrent considérablement Goethe.



David Hume (1711-1776)
Il affirmait que tout comportement humain est attribuable en fin de compte à des instances physiques ou instinctives qui agissent en nous sans que nous en ayons connaissance.





Georges Christoph Lichtenberg (1742-1799)
Mathématicien et physicien allemand qui fut longtemps préoccupé par la signification de ces rêves. "On devrait dire 'ça pense' comme on dit 'ça pleut'
C'est, en fait, le premier physicien à s'être attacher aux aspects inconscients de ses propres processus mentaux. On retrouve chez lui l'idée, comme également chez Moritz, Schubert, Carus, Schopenhauer et Jung, que les rêves étaient peut-être des réminiscences d'états antérieurs au développement de la conscience individuelle. "Je sais par expérience que les rêves peuvent conduire à la connaissance de soi, disait-il également. Ou encore : "Les rêves peuvent conduire à une représentation spontanée de la totalité de notre nature sans la tension que suscite une réflexion très élaborée".

Johann Gottlieb Fichte (1761-1814)
Appartenant à la lignée des philosophes allemands – Schilling – Hegel – Schopenhauer et Nietzsche – Fichte a fait de l'esprit un principe dynamique sur lequel se fonde la raison consciente. Les processus inconscients ne peuvent plus être considérés comme des processus intervenant dans la mémoire et la perception. Ils sont désormais le siège de l'instinct et de la volonté.



Friederich Von Herdenburg Novalis (1772-1801)
Le poète allemand se représente l'homme comme l'harmonie entre conscient et inconscient.
"Nous ne connaissons pas la profondeur de notre esprit. La voie secrète est celle qui mène à l'intérieur. C'est en nous et nulle part ailleurs, que se trouve le royaume de l'éternité, le passé et le futur."
"Il est étrange que l'on ait jusqu'ici observé si sommairement ce qu'il y a à l'intérieur de l'homme, et qu'on en ait parlé avec si peu d'intelligence…On a bien peu appliqué la physique à l'esprit humain, et l'esprit au monde extérieur. Raison, imagination, intelligence, c'est là l'ossature de l'univers qui fonctionne en nous. Pas un mot de leurs prodigieux mélanges et de leurs métamorphoses. Personne n'a pensé à rechercher une force nouvelle et inconnue qui permettrait de comprendre leur coopération. Qui peut connaître les prodigieuses et nouvelles harmonies, les prodigieuses et nouvelle transformations qui restent à découvrir à l'intérieur de nous-même".


Franz Anton Mesmer (1733-1815)
Grâce aux résultats obtenus par l'hypnotisme, ce médecin allemand a réussi à mettre en évidence l'obstacle que pouvait constituer la conscience pour la guérison . Puisque au moyen du "magnétisme animal" ce dernier prétendit pouvoir guérir définitivement les maladies mentales. Il n'a procédé à aucune vérification scientifique, néanmoins son travail sur l'hypnose a éveillé un vif intérêt chez les psychiatres, notamment chez Freud.



F.W.J. Von Schilling (1775-1854)
Ami intime de Goethe et représentant de l'école allemande de Naturphilosophie, Schilling considère la nature inconsciente comme étant l'esprit en puissance, l'intelligence en cours de développement qui devient consciente dans le moi. La conscience est seconde, et est causée par l'antagoniste du sujet et de l'objet. Une unique énergie inconsciente qui tend vers la conscience est le fondement de tout pour cet auteur.
"L'inconscient éternel, qui est aussi le soleil éternel du royaume de l'esprit, se cache lui-même de par son propre éclat, et bien qu'il ne devienne jamais un sujet, il marque néanmoins d'une empreinte identique toutes les activités spontanées et il est en même temps pour toute intelligence l'invisible racine dont l'intelligence elle-même n'est q'une expression".
"Vous exigez de devoir être conscient de cette liberté ? Mais ne comprenez-vous pas que ce n'est qu'en fonction d'elle que votre conscience est possible ? Ne comprenez-vous pas que lorsque le "Je" devient un objet de la conscience, il n'est plus le "Je" absolu et sans mélange ?...La conscience de soi comporte un danger ; perdre le "Je"."

J.N. Von Goethe (1749-1832)
Avec Goethe, l'accent se déplace encore un peu plus des aspects cognitifs vers les aspects instinctifs et vitaux de l'inconscient.
Comme pour Novalis, ce grand poète pense que conscient et inconscient sont inséparables. Ce ne sont que des noms désignant des aspects complémentaires d'un seul phénomène. L'imagination pour Goethe est le don le plus secret et le plus précieux de la nature. "Sa propre imagination, disait-il opère involontairement et contre ma propre volonté". L'imagination sous tend tout amour, tout vouloir, tout désir, toute pensée. Goethe concevait un arrière-plan à l'esprit humain et à l'imagination, ce qui a conduit Jung à considérer le second Faust comme "une fascination de l'Inconscient".
L'homme ne peut rester longtemps à l'état conscient, il doit se replonger dans l'Inconscient, car là sont ses racines." "On doit considérer les hommes comme les organes de leur siècle, lesquels fonctionnent de manière principalement inconsciente.".
"Tout ce que nous appelons invention ou découverte au sens le plus élevé du terme est la pratique et le plein exercice d'une sensibilité primitive à la vérité qui, après une longue évolution silencieuse, conduit de manière inattendue et avec la rapidité de l'éclair à une trouvaille féconde. C'est une révélation dont le mouvement va de l'intérieur vers l'extérieur, et qui donne à l'homme une intuition de sa ressemblance avec Dieu. C'est une synthèse du monde et de l'esprit qui donne une bienheureuse assurance de l'éternelle harmonie de l'existence."

J.P. Richter (1763-1825)
Romancier allemand avec lequel l'aspect cognitif de l'inconscient s'efface totalement à l'arrière-plan. L'inconscient est désormais la source de l'énergie vitale.
"L'inconscient est véritablement le domaine le plus étendu de notre esprit, et précisément en raison de cette inconscience, notre Afrique profonde dont les frontières inconnues de nous s'étendent peut-être à l'infini. Pourquoi donc tout ce que contient notre esprit devrait-il devenir conscient, puisque ce dont il a déjà été conscient, le vaste domaine de la mémoire par exemple, ne lui apparaît qu'illuminé par endroits, alors que tout le reste dans son immensité demeure enfoui dans les ténèbres ? N'y aurait-il pas une face cachée de la lune de notre esprit qui ne se tourne jamais vers la lumière de la conscience ?".

Arthur Schopenhauer (1788-1860)
Dans son œuvre monumentale, "Le monde comme volonté et comme représentation", Schopenhauer soutient qu'il existe à l'œuvre dans la nature et dans chaque homme une volonté inconsciente. Cette volonté ou ce vouloir-vivre unique, immuable et sans finalité propre s'oppose au moi superficiel, sujet de la connaissance. 'La volonté' inconsciente correspond, en fait, aux instincts psychiques de la psychanalyse.
Le point important de sa philosophie et qui mérite d'être souligné ici, car il aborde les origines de la maladie mentale, notamment de la névrose, se trouve très bien résumé dans ce court extrait :
"Pour comprendre plus aisément cet exposé de la naissance de la folie, rappelons-nous avec quelle répugnance nous pensons aux choses qui blessent fortement nos intérêts, notre orgueil et nos désirs ; ….avec quelle facilité…nous nous en écartons brusquement ou nous nous en détachons furtivement sans en avoir conscience…C'est dans cette répugnance de la volonté à laisser arriver ce qui lui est contraire à la lumière de l'intellect qu'est la brèche par laquelle la folie peut faire irruption dans l'esprit…"
"Si certains évènements…sont…entièrement soustraits à l'intellect…et si….on comble arbitrairement la lacune ainsi produite – alors la folie est là. Car l'intellect a renoncé à sa nature, par complaisance pour la volonté ; l'homme s'imagine maintenant ce qui n'est pas. Et cependant la folie ainsi née devient le Léthé de souffrances intolérables ; elle a été le dernier recours de la nature saisie d'angoisse, c'est-à-dire de la volonté".

Carl Gustav Carus (1789-1850)
Lui aussi était un ami de Goethe. Médecin et fin observateur des hommes, a cherché à faire dériver, de même, tous les phénomènes d'un principe fondamental. La phrase de lui qui est la plus retenue est celle-ci : "La clef de la compréhension de l'essence de la vie réside dans le royaume de l'Inconscient".
Il a eu avant Freud l'intuition de l'importance des fonctions sexuelles inconscientes pour l'ensemble de la vie de l'esprit.
"Ce désir (sexuel) qui, à l'origine , est nécessairement inconscient, est important en ce qu'il pénètre avec une force égale la conscience et l'inconscient, chaque fois qu'il est excité".
"…En sorte que cette même subtile oscillation entre inconscient et conscience, sur quoi prend appui toute existence véritablement humaine, persiste également au cœur de cette relation (sexuelle)…"
"L'inconscient s'oppose au conscient comme le général au particulier. Mais la différence essentielle est que le premier est un courant ininterrompu, tandis que le second n'apparaît qu'épisodiquement".
"l'inconscient n'est que le terme subjectif pour ce que nous désignons objectivement comme nature".

Karl Robert Eduard Von Hartmann (1842-1906)
Alors que Freud était âgé de 12 ans, Hartmann a rédigé un ouvrage monumental et célèbre La Philosophie de l'inconscient qui couvre pratiquement tous les aspects concevables de l'inconscient. Il synthétise la volonté de Schopenhauer et l'inconscient de la philosophie de la Nature de Schelling. Mais voilà, "pour l'époque ce n'est pas de la bonne philosophie, et ce n'est pas non plus une science digne de ce nom".
…Nous devons reconnaître une extra-lucidité à l'inconscient, dans l'intentionnalité de l'élan créateur comme dans celle de l'instinct…"


Friedrich Nietzsche (1844-1890)
Philosophe intuitif et passionné, Nietzsche "a cherché à remplacer le christianisme par une doctrine de l'énergie vitale origine de toutes choses naturelles, humaines et divines. Il a toujours eu la certitude que l'esprit conscient était l'instrument de l'énergie vitale inconsciente. Enfin c'est lui qui a inventé le terme "ça" que Freud a employé pour désigner les éléments impersonnels de la psyché soumis à la loi de la nature.
"La conscience est la dernière évolution, et la plus tardive, de l'organique ; elle est par suite la plus inachevée et la moins efficace de ces différentes évolutions".
"Tout élargissement du savoir se fait en rendant conscient l'inconscient".
"La conscience n'atteint que la surface ; la grande activité fondamentale est inconsciente".
"Tous nos motifs conscients sont des phénomènes superficiels : derrière eux se trouve le conflit de nos instincts et de nos humeurs".

Theodor Lipps (1851-1914)
Pour ce professeur de psychologie de Munich, l'inconscient est la question de la psychologie. Il est acquis que Freud lui attribua la paternité du concept d'Inconscient.
"Il faut voir dans l'inconscient le fond de toute vie psychique". "Il ne nous suffit pas de penser qu'il existe des processus psychiques inconscients à côté des conscients. Nous croyons, en outre, que les processus inconscients sont le fondement même des processus conscients et les accompagnent. Les processus conscients surgissent de l'inconscient quand les conditions sont favorables. Ensuite, ils retombent dans l'inconscient".
Enfin rendons à César ce qui est à César…c'est Lipps qui a considéré le premier l'inconscient comme le lieu du refoulé.


* Inspirée par la lecture du livre de Lancelot Whyte - L'inconscident avant Freud - ed Payot Paris.





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15 avril 2006

Liste des ouvrages de C.G.Jung



    •        Psychologie de la démence précoce Albin Michel:


      Recueil d'articles rédigés entre 1907 et 1959 qui constitue un premier sommet de son œuvre encore essentiellement psychiatrique.
      Les deux premiers traités, assez volumineux, "Psychologie de la démence précoce" et contenu de la psychose" datent de la période féconde où Jung travaillait au Burghözli, hôpital psychiatrique cantonal et clinique universitaire de Zurich.
      Ces publications, fruits de la rencontre et de la collaboration avec Auguste Forel et Eugen Bleuler, lui assurèrent d'emblée son rang dans la recherche psychiatrique. Ce sont également ces écrits qui attirèrent sur lui l'attention de Sigmund Freud et provoquèrent la rencontre des deux hommes et un échange d'idées un temps très animé entre les deux pionniers du domaine de la psychologie des profondeurs.
      Jung fut l'un des premiers à pratiquer une psychothérapie individuelle chez les schizophrènes.




      • Métamorphoses de l'âme et ses symboles Le livre de poche référence :

        En partant de l'histoire de miss Miller, Jung s'y livre à une vaste enquête sur les symboles et les mythes culturels et religieux, développe sa théorie de l'inconscient collectif et archaïque, élargissant en fait le champ de la psychanalyse à une psychologie générale de l'humanité et de la culture.
        Dès sa première parution (1912), ce livre qui marquait sa rupture avec Freud fut abondamment commenté et discuté. C.G.Jung ne cessa par la suite de l'enrichir et d'en affiner les vues. C'est une de ses œuvres maîtresses et l'un des classiques mondiaux de la psychanalyse.





      • Les Sept Sermons aux Morts Edition de Lerne

        Les sept Sermons aux morts, datés de 1916, sont un document de la vie intérieure de Carl Gustav Jung. Ils révèlent un autre Jung que celui qui apparaît dans son œuvre théorique, et pourtant ce dernier est déjà présent tout entier en eux. On y retrouve bien les deux visages de sa personnalité : le thérapeute et le théoricien. Par leur style comme par l'époque où ils furent rédigés, ils s'intègrent dans l'ensemble, non encore publié, des écrits où Jung consignait au jour le jour son expérience personnelle de l'inconscient. Les Sermons en constituent le point d'émergence, c'est par eux que nous avons, pour l'instant, accès à cette production. Les Sept Sermons aux Morts passent pour un texte obscur. Et de fait, on ne saurait nier qu'ils posent à la compréhension mainte énigme. Aussi leur réception n'a-t-elle pas été, jusqu'à présent, sans problèmes. Lorsque la critique ne choisissait pas tout simplement de les ignorer, c'était trop souvent pour voir en eux, un texte d'inspiration "gnostique"
        .


      • Psychologie de l'inconscient Edition Georg (Genève) et Buchet-Chastel

        Jung a écrit la Psychologie de l'Inconscient dans une période (1917) très spéciale et très dramatique de sa vie. La rupture de l'amitié et de la coopération avec Freud venait d'avoir lieu, en 1913, de façon dramatique et douloureuse pour les deux auteurs. C'est dorénavant seul que Jung devait cheminer. Son destin fut alors de plonger, par-delà les schémas connus et les sécurités rationnelles, dans les profondeurs de l'inconscient. Sa psychologie de l'Inconscient a été un des fruits de ces années d'interrogations, d'explorations, de travail sur lui-même et sur autrui. Le lecteur réalise rarement, quand il prend en main un livre de psychologie comme celui-ci, de quelles recherches, de quels travaux il est le fruit, quel courage humain et quelle audace d'esprit y ont présidé.
        Les recherches psychologiques, les découvertes auxquelles elles ont donné lieu sont, pour une grande part, filles des nécessités médicales et cliniques. Maintenant que nous commençons à connaître la biographie des chercheurs, nous découvrons qu'elles sont non seulement nées de leur génie, mais aussi de leurs angoisses, voir de leur tortures intérieures. Certes, l'œuvre une fois conçue et composé, l'auteur prend soin d'en estomper les affres et de présenter ses résultats avec aisance dans une démarche harmonieuse, ce qui est le cas pour le présent ouvrage. Mais que le lecteur n'en soit pas dupe. Les connaissances que nous avons dorénavant de nous-mêmes et de notre psychisme sont nées de lourds travaux et n'ont point échappé aux douleurs de l'enfantement.




      • Types Psychologiques Edition Georg (Genève)

        Les types psychologiques ont longtemps préoccupé Jung. On retrouve notamment l'esquisse du présent ouvrage au Congrès de psychologie qui se tint à Munich les 7 et 8 septembre 1913, et publiés quelques mois plus tard sous le titre : Contribution à l'étude des Types psychologiques. Dans cette communication, Jung s'intéresse aux problèmes des types ; il y développe l'idée fondamentale d'attitude, sur laquelle se fondera la distinction des types. Attitude, terme qui parait encore assez vague et dont il est assez difficile d'indiquer le contenu. Des éléments divers à la limite du biologique et du psychologique doivent y concourir. Une attitude, c'est ce qui prépare à l'action, une action virtuelle, en puissance, non encore actualisée, ce que Ribot définit "des formes sans matière, sans contenu" ; elle est présente cependant et exerce sa force déterminante sur toute la vie psychique future. Il ne s'agit donc pas d'une attitude voulue, recherchée intentionnellement, mais d'une disposition profonde à être ceci plutôt que cela, à agir de telle façon plutôt que de telle autre. Jung prend pour exemple l'hystérie et la démence précoce - la schizophrénie actuelle -. On retrouve dans ces deux pathologies les deux mentalités prédominantes : l'extraversion dans l'hystérie, l'introversion dans la démence précoce. L'existence de deux affections mentales aussi opposées donne à penser qu'il pourrait bien y avoir aussi, à l'état normal, deux types psychologiques caractérisés par la prédominance relatives de ces deux mécanismes.
        Jung continue d'étudier cette distinction de types dans la littérature.
        Puis, il entreprend dans une autre communication, L'inconscient dans la vie psychique normale et anormale, un examen critique des psychologies de Freud et Adler. Il semble que la mentalité de Freud soit rattachée à l'étude de l'extraversion, et celle d'Adler à l'introversion. Puis il poursuit ses recherches en utilisant les remarques faites au cours de l'examen de nombreux malades et qui en même temps le renseignent amplement sur les contrastes entre époux, amis, etc… Ce n'est qu'en 1929 que le résultat de ce long et patient travail paraîtra dans les Types psychologiques.
        Au delà des types généraux d'attitude, l'extraversion et l'introversion, existent quatre fonctions psychologiques : la pensée, l'intuition, le sentiment, la sensation.
        La combinaison des types et des fonctions est décrite tout au long de cet ouvrage de référence. Le dernier chapitre étant consacré aux définitions des principaux termes de la psychologie jungienne.




      • Dialectique du Moi et de l'inconscient Folio essais

        Cette œuvre est une des plus importante de Carl Gustave Jung (écrite en 1928). Concise, allant à l'essentiel, elle se situe au centre même de la pensée du savant qui, avec Freud, puis par delà Freud, oriente la vie psychologique et mentale de l'humanité dans des voies nouvelles. Son sujet est la clé de la vie intérieure.
        Tout le monde nouveau des profondeurs humaines, exploré par Jung, est axé sur un dialogue, ou plus précisément une "dialectique entre le Moi et l'inconscient", dont le Moi a émergé.
        C.G.Jung montre combien le jeu dynamique entre le Moi et l'inconscient constitue le flux et le reflux fondamental de la vie et combien l'inconscient peut receler de messages essentiels.
        Aider les êtres à s'y retrouver, et ainsi à se construire eux-mêmes, n'est pas seulement une révolution humaine et médicale. C'est l'aventure qu'à travers toutes les autres l'être recherche depuis toujours.


        (Traduction Roland Cahen, éditions Gallimard, 288p)




      • L'énergétique psychique georg éditeur

        Dans cet ouvrage qui réunit des essais ayant vu le jour à des époques (avant 1947) fort éloignées les unes des autres, Jung se livre à une description claire et précise de ce qu'il entend par énergie psychique, en se situant d'un point de vue strictement psychologique. Dans le domaine physico-chimique, la notion d'énergie ne surprend plus personne ; on parle dans ce cas facilement d'énergie électrique, d'énergie solaire, d'énergie atomique. Il en va tout autrement dés que l'on aborde le domaine de la vie psychique. Pourtant on ne peut guère nier que le psychisme soit un producteur de travail. Même la psychologie la plus courante le reconnaît par les termes qu'elle emploie. Volonté, intérêt, émotion et tant d'autres sont des expressions qui n'ont de sens que par l'idée de potentiel énergétique qu'elles traduisent. Le travail humain ne se peut comprendre que par l'idée d'une énergie psychique qui se transforme selon les besoins qu'il faut satisfaire. C'est ainsi que le psychisme apparaît comme un réservoir d'énergie dans lequel nous puisons sans cesse et qui pourtant se conserve durant toute l'existence. Deux grandes voies d'explications assez extrêmes ont été avancées notamment par les psychologues sur le problème du mystère de l'énergie psychique : Ou bien on réduit l'énergie psychique à l'activité organique ou matérielle, et l'on considère la vie mentale comme un épiphénomène, comme un phénomène accessoire, sans rien d'essentiel, venant se surajouter comme un luxe à des phénomènes physiologiques et dont la disparition ne changerait rien au cours des choses. Ou bien, en vertu de croyances que l'on ne songe pas à discuter, et dont on ne suppose pas un instant qu'elles pourraient être trompeuses, on en fait un phénomène supérieur, divin plutôt, dont il n'est ni bon, ni nécessaire de chercher à pénétrer la nature. Loin d'apporter une solution, chacune de ces deux conceptions supprime en fait le problème.
        Jung prend à ce sujet une position intermédiaire ; des observations qu'il a faites il résulte que l'on peut considérer le psychisme – entendre par ce terme la totalité psychique, c'est-à-dire le conscient et l'inconscient - du point de vue énergétiste parce qu'il présente des analogies frappantes avec certains systèmes matériels. On peut le considérer comme un système relativement clos dans lequel l'énergie se comporte comme elle le fait dans le domaine physique. À la condition, toutefois, que l'on ne limite pas le psychisme à ses manifestations conscientes et que l'on se souvienne que le conscient et l'inconscient sont continuellement en relations l'un avec l'autre, l'inconscient jouant vis-à-vis du conscient un rôle compensateur.
        Cette notion d'énergie et de comportement énergétique Jung la nomme : la libido. "j'entends par Libido, dit-il, l'énergie psychique…je l'utilise pour désigner des intensités ou des valeurs".
        La deuxième partie du volume comprend quatre essais : "rêve de nombres", "psychologie et pathologie des phénomènes dits occultes", "âme et mort" et les "fondement psychologique de la croyance aux esprits.


        (extraits condensés de la préface de Y.Le lay).)



      • Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or Albin Michel

        Dans cet ouvrage publié en 1929 Jung réalise un commentaire psychologique du manuscrit que lui de demanda de faire le missionnaire protestant en Chine, connu pour sa célèbre traduction du Yi King, Richard Wilhelm. Celui-ci formule l'aspiration moderne à la conscience totale, dans un langage à la fois traditionnel et accessible à l'Européen du XXè siècle. Dans son ouvrage "Ma vie", Jung écrit cela :"je dévorai aussitôt le manuscrit, car ce texte m'apportait une confirmation insoupçonnée en ce qui concerne le mandala et la déambulation autour du centre. Ce fut le premier évènement qui vint percer ma solitude. Je sentais là une parenté à laquelle je pouvais me rattacher". Jung trouva dans le manuscrit que lui adressait Richard Wilhelm une base pour sa propre réflexion, un tremplin lui permettant de prendre un essor et de présenter dans son autonomie et son intégration la voie spécifique qui est la sienne.


        (Traduit de l'allemand par Etienne Perrot).)




      • Psychologie et Alchimie Buchet/Chastel

        Avec Psychologie et Alchimie, nous pénétrons dans un domaine où le génie de Jung éclate avec une entière originalité. Jamais livre éclairant une énigme séculaire n'a été aussi clair et aussi lumineux. Son volume et son ampleur mêmes sont nécessaires à la limpidité. Les merveilleuses illustrations font le reste.
        Cet ouvrage constitue un monument de la vie de l'esprit ; il nous montre que dans l'alchimie, l'homme en affrontant les énigmes de la matière, affrontait le plus souvent, et à l'époque sans guère le savoir, les énigmes les plus brûlantes et les plus solennelles de son esprit et de sa vie.
        Les archétypes qui se sont exprimés entre autres dans l'alchimie étant la matières première potentielle de toues les structures mentales, cet ouvrage, Psychologie et Alchimie, va irradier et jeter des lumières dans tous les domaines, scientifiques, philosophiques, psychologiques, voire métaphysiques et religieux.
        Psychologie et Alchimie donnera lieu à des discussions d'autant plus passionnantes que ce livre a, comme Janus, un double visage ; éclairant et élucidant une énigme fondamentale du passé, il ouvre aussi les portes d'un avenir plus humain : l'homme enrichi par les apports de l'inconscient collectif – jusqu'ici projetés hors de l'homme dans les métaphysiques, et qu'il retrouve comme bien personnel, mais non individuel, au cours de son évolution - apprendra de mieux en mieux à se désaliéner des fascinations abusives et à se recentrer avec de plus en plus de fraternité sur le seul bien dont il doit être toute à fait certain, sur lui-même sur l'homme et ses étonnantes potentialités.




      • Psychologie et Religion Buchet/Chastel

        "Le religion est sans contredit une des manifestations les plus anciennes et les plus générales de l'âme humaine ; il est évident, par conséquent, que toute la psychologie préoccupée par la structure psychologique de la personnalité humaine se devra à tout le moins de reconnaître que la religion n'est pas uniquement un phénomène social ou historique, mais qu'elle constitue aussi, pour le bien des humain, une importante question personnelle."
        Psychologie et Religion est un des ouvrages les plus importants de C.G.Jung. Cette étude permet de saisir dans sa profondeur la réalité du sentiment et de l'expérience, la place et le rôle du christianisme à l'égard des autres religions, le sens du dogme et du rite. Parmi les divers moyens d'accès au religieux, Jung retient et explique la voie psychologique, ce qui lui permet de considérer l'autonomie de l'inconscient et les différents symboles. Un tel ouvrage oblige le chrétien et l'athée à considérer avec un regard neuf les diverses positions d'adhésions ou de refus.




      • Introduction à l'essence de la mythologie Petit Bibliothèque Payot

        Ce livre parut en 1941 comme deuxième édition de deux monographies "L'enfant divin" et "La jeune fille divine", qui furent écrites durant les années 1939-1940. Les études qui s'y trouvent développées apportent de nombreux matériaux peu connus qui contribuent à une meilleure connaissance de la pensée mythologique, ce mode d'expression commun à toute l'humanité.
        Voici "les paroles d'une noble Abyssine" que l'on trouve citées dans la préface pour illustrer ce qui est développé dans la deuxième partie de cet ouvrage.
        "Un homme, comment peut-il savoir ce qu'est une femme ? La vie de la femme est entièrement différente de celle des hommes ; Dieu l'a fait ainsi. L'homme reste le même, du jour de sa circoncision jusqu'à son déclin. Il est le même, avant d'avoir pour la première fois recherché une femme, et après. Le jour où une femme a connu le premier amour, sa vie est scindée en deux parts. Ce jour-là, elle devient une autre. Il en est ainsi toute sa vie durant. L'homme passe une nuit auprès d'une femme, puis il s'en va ; sa vie et son corps sont toujours pareils. La femme conçoit ; comme mère elle est différente de la femme sans enfant. D'abord, elle porte dans son corps durant neuf mois les suites de la nuit. Quelque chose croît. Quelque chose croît dans sa vie pour s'en détacher, mais n'en disparaîtra jamais ; car elle est mère. Elle est et restera mère, même si l'enfant, si tous ses enfants devaient mourir. Car, d'abord, elle a porté l'enfant sous son cœur. Mais, plus tard quand il est né, elle le porte dans son cœur. Et de son cœur, il ne sortira plus. Même s'il est mort. Tout cela, l'homme ne le connaît pas ; il ne le sait pas. Il ne connaît pas la différence qu'il y a entre "avant l'amour" et "après l'amour", "avant la maternité" et "après la maternité". Il ne peut rien en savoir. Seule une femme peut le savoir et en parler ; c'est pourquoi nous ne nous laissons pas persuader par nos maris. Une femme ne peut faire qu'une chose. Elle peut prendre soin d'elle-même. Elle peut se conserver décemment. Elle doit être ce que sa nature est. Elle doit toujours être jeune fille et mère. Avant chaque amour, elle est jeune fille, après chaque amour, elle est mère. C'est cela que tu pourras reconnaître si elle est une femme bonne ou non."




      • Psychologie du transfert Albin Michel (traduit de l'allemand par Etienne Perrot)

        La psychologie du transfert qui vit le jour en 1946 est une introduction indispensable au volumineux Mystérium Conjunctionis (1955-1956)
        Ici le dialogue entre praticien et patient (ou patiente) est une réalité brûlante. Sur ce point comme sur tant d'autre, Jung avait conscience d'avoir mené à son terme la recherche de son prédécesseur. Cela ne put se faire que par la reconnaissance de la dimension transpersonnelle de l'échange thérapeutique. Pour la mettre en évidence Jung recourt au symbolisme alchimique. A travers la rencontre de deux individus, il montre la mise en présence, à des niveaux divers, de deux archétypes, "le roi et la rein", l'homme et la femme en tant que principes. S'appuyant sur les figures d'un traité publié en 1550, le Rosaire des philosophes ("Rosarium philosophorum"), il décrit les phases dramatiques conduisant aux "noces royales". La mort et la résurrection des deux partenaires donnent naissance au "fils des sages" ou androgyne, où s'unifient le masculin et le féminin.
        Les chatoiement des symboles hermétiques laisssent transparaître à chaque ligne l'expérience d'un praticien hardi et doté d'un sens aigu de sa responsabilité éthique, au service de l'âme, "sa seule maîtresse". Le transfert, périlleuse et irremplaçable voie d'amour, est le cœur de la psychologie des profondeurs. La pudeur habituelle de Jung ne l'a pas empêché de lever ici un coin du voile. Cet ouvrage servira de guide à quiconque est appelé à plonger, par le dialogue, dans le "feu secret des sages", nom de l'amour transformant, créateur de l'hermaphrodite, l'un des mille noms de la totalité psychique, du Soi jungien.





      • Psychologie et Education Buchet/Chastel (traduit de l'allemand par Yves LE LAY )

        Extrait : "Comme il y a parmi les élèves des natures douées, dotées d'une haute tension qu'il ne faut ni borner ni étouffer, les matières enseignées à l'école ne doivent pas négliger le général et l'universel pour se perdre dans une spécialisation exagérée. Au contraire, à la jeunesse montante, il faut au moins signaler les portes qui s'ouvrent sur les divers domaines de la vie et de l'esprit. Il me paraît indispensable, si l'on veut arriver à une culture générale, d'étudier l'histoire au sens le plus large du terme. Pour si importante que soit l'orientation pratique et utilitaire vers l'avenir, l'étude du passé ne l'est pas moins. La culture est et comporte la continuité ; elle ne peut être un progrès amputé de ses racines. Et c'est justement pour le bien doué qu'une culture équilibrée a plus de valeur que ce qu'on appelle des mesures psycho-hygiéniques. L'unilatéralité du génie s'oppose presque toujours, avons-nous dit, à un certain manque de maturité dans d'autres domaines de l'esprit. Or l'enfance est un état du passé. Au cours de son développement, le fœtus répète en quelque sorte par allusion l'évolution phylogénétique ; de même l'âme enfantine réalise "le pensum de l'humanité d'autrefois". L'enfant vit dans un monde prérationnel et surtout préscientifique, monde de l'humanité qui fut avant nous. C'est dans ce monde que plongent nos racines et c'est par ces racines que grandissent les enfants. Leur précocité les éloigne de ces sources ; leur manque de maturité les y attache. La connaissance des origines, au sans large, jette un pont entre les générations d'autrefois abandonnées et perdues et le monde de demain que nous ne pouvons pas encore comprendre. Comment saisirions-nous l'avenir, comment l'incarnerions-nous en nous si nous ne sommes pas en possession de l'expérience humaine accumulée par les générations qui furent avant nous ? Sans elle, nous sommes comme déracinés, nous n'avons plus de point d'appui, nous devenons la proie désarmée de l'avenir. Une instruction purement technique tendue uniquement vers des buts pratiques ne saurait freiner aucune folie ; elle n'a rien à apposer à l'aveuglement. Il lui manque la culture dont la loi profonde est la continuité de l'histoire, donc de la conscience humaine supra-individuelle. Cette continuité qui unit entre eux les opposés, a, pour le bien doué que menacent de nombreux conflits, une influence salutaire".






      • La vie symbolique – Psychologie et vie religieuse Albin Michel (traduit de l'allemand par Claude Maillard et Christine Pflieger-Maillard)


        Dès les premières pages de Psychologie et Alchimie, Jung écrivait très clairement, sans avoir peur des risques qu'il prenait de la sorte, que '"l'âme possède naturellement une fonction religieuse (...) et que la tâche principale de toute éducation de l'adulte est de faire passer l'archétype de l'image divine, ou ses émanations et ses effets, dans la conscience".

        Sur le statut proprement métaphysique d'une telle assertion, Jung n'a jamais voulu se prononcer, considérant qu'il sortirait alors de ses limites et de son domaine de légitimité. Mais il a toujours maintenu contre vents et marées qu'il y avait un monde propre de l'âme, et que son oeuvre consistait à démêler la façon dont il se manifestait et appelait l'homme à la découverte de sa réalité fondatrice de caractère numineux.

        Se référant explicitement à Maître Eckhart quand il disait : "Ce n'est pas au-dehors mais à l'intérieur : tout à l'intérieur", Jung proposait ainsi "d'observer patiemment ce qui se passe en silence dans l'âme", dans la mesure où tout homme a par nature "dans son âme propre quelque chose qui peut croître".»
        Il a donc semblé urgent de livrer au public français les grands textes de Jung qui étaient encore inédits. La vie symbolique en est le premier volume rassemblé. Deux autres livres suivront, l'un sur l'Ame et le Soi, l'autre comprenant les Essais sur la symbolique de l'esprit.

        Dans cette perspective, il a paru judicieux de commencer par les textes où Jung se confronte au christianisme – soit en s'inscrivant dans les grands courants de la gnose avec les Sept Sermons aux Morts qu'il place sous le patronage de l'Alexandrin Basilide, soit dans des échanges très serrés et courtois avec des religieux et des théologiens, comme dans le texte proprement dit de la Vie symbolique ou les lettres qu'il envoie à un pasteur protestant ou à un carme catholique : on pourra y voir au travail toute la puissance de sa réflexion, mais aussi le poids de l'angoisse qu'il a toujours ressentie - et d'autant plus comme thérapeute - devant l'insondable mystère de l'existence du mal.






      • L'Ame et le Soi - Renaissance et individuation - Albin Michel (traduit de l'allemand par Claude Maillard, Chritine Pflieger-Maillard et Rolland Bourneuf.)

        Lorsque, après s'être séparé de Freud sur le statut du religieux et du mythe dans la psychanalyse, Jung a peu à peu établi sa conception d'une réalité de l'âme, puis, comme il le dira dans Psychologie et alchimie, de la réalité d'un monde propre à cette âme, il ne reviendra plus jamais sur cette conquête décisive où se jouait pour lui, semble-t-il, un élément déterminant de vérité.

        Encore faut-il s'entendre sur ce qu'on appelle le religieux : loin d'en faire un irrationalisme devant lequel on s'inclinerait - contresens répandu mais qu'il est urgent aujourd'hui de dissiper enfin -, Jung l'a toujours conçu selon la leçon de son étymologie latine, c'est-à-dire une attitude et une volonté très soigneuses de prise en considération, d'examen, d'évaluation. En bref, il s'agit pour lui, précisément, d'une démarche rationnelle qui, loin de nous incliner à nous laisser emporter par le sacré, tend au contraire à le mettre à distance, à s'expliquer avec lui et, en bout de course, à en rendre raison.

        Tout le travail d'une psychologie pratique est alors un travail de différenciation, où l'homme se recouvre dans son intégrité : l'individuation, telle qu'elle était déjà annoncée dans les Sept Sermons aux morts, n'est rien d'autre que ce processus où l'âme se découvre dans son entièreté, c'est-à-dire dans sa vérité singulière, vérité qui ne s'exprime que sous la puissance du symbole.

        De ce rapport de Jung au religieux, La Vie symbolique traitait déjà, dans le domaine particulier du christianisme et de ses hétérodoxies.
        En attendant les Essais sur la symbolique de l'esprit qui viendront en clore le cycle, le présent volume est surtout centré sur l'accès que nous avons à la vie de cette âme, sur les étapes successives du processus d'individuation, sur la fonction d'ordre psychique qui s'y révèle et qui garantit à la fois qu'elle organise les relations du moi et du soi, du conscient et de l'inconscient.

        D'une certaine façon, tout homme est comme l'objet d'un autre sujet que lui-même. C'est cet autre sujet qu'il doit pouvoir considérer dans sa pleine lumière, et en le reconnaissant, le mettre du même coup en rapport avec sa subjectivité initiale. L'inconscient lui-même, selon Jung, est rempli d'"étincelles" comme autant de conscience qui réclame à advenir, et ces étincelles "correspondent aux particules lumineuses prisonnières dans la physis obscure, dont la réunion était la préoccupation essentielle du gnosticisme et du manichéisme(Mysterium conjunctionis)






      • Essais sur la symbolique de l'esprit Albin Michel (traduit de l'allemand par Alix et Christian Gaillard et Gisèle Marie)

        Les Essais sur la symbolique de l'esprit viennent clore la trilogie entamée par La Vie symbolique ; Psychologie et vie religieuse puis L'Âme et le Soi : Renaissance et individuation, dernier cycle des publications de Jung quant à la fonction religieuse de l'inconscient. On y trouvera deux textes parmi les plus importants de C.G. Jung, celui sur l'Esprit Mercure d'une part, celui sur l'interprétation du dogme de la Trinité de l'autre. A travers ces deux études, en effet, l'une principalement fondée sur la figure du spiritus rector de tout travail alchimique, l'autre sur l'un des mystères centraux de la révélation chrétienne, Jung dévoile les fondements les plus certains de sa position envers les phénomènes religieux : ni approbation béate comme on l'a cru souvent, ni croyance en une sorte de sacré nébuleux auquel il suffirait de s'abandonner pour goûter aux extases de l'äme. Au contraire.

        Comme Walter Otto l'avait bien fait ressortir, toute "manifestation sacrée" est à double tranchant et si l'imago Dei peut s'y donner à voir, c'est tout autant la puissance du Mal que l'on peut y découvrir. D'où l'exigence de tout un travail intérieur, d'une ascèse à proprement parler, que guide la lumière de la raison, sous peine de tomber dans l'aliénation de soi-même et, à la limite, par submersion sous l'inconscient, dans la psychose.

        De quoi dissiper bien des malentendus et prendre enfin conscience que toute œuvre de Jung est aussi fondée sur un principe de raison nécessaire où on ne recherche pas tant la fusion que, dans la pensée même de l'Un, les séparations qui permettent de le penser.





      • Aïon - Etudes sur la phénoménologie du Soi -
      Albin Michel (traduit de l'allemand par Etienne Perrot et Marie-Martine Louzier-Sahler)


      Le processus d'individuation vécu et décrit par C.G. Jung constitue l'axe de la psychologie des profondeurs. Il aboutit à la réalisation d'une totalité psychique transcendant le moi et dénommée Soi, rassemblant en elle les contraires et offrant empiriquement les caractéristiques du « dieu intérieur » de la philosophie éternelle. Aïon étudie le Soi dans son rapport avec l'Homme-Dieu chrétien.

      Le Christ lumineux est confronté dès l'origine avec sa contrepartie obscure, l'Antéchrist, dont le règne doit précéder le retour du Seigneur ou Parousie. L'association des deux contraires se rencontre dans le signe zodiacal des Poissons. Le poisson est historiquement l'un des premiers symboles du Christ. Le signe des Poissons gouverne l'ère (aïon) chrétienne et désigne le « le grand mois » platonicien suivant celui du Bélier et auquel doit succéder l'âge du Verseau.

      Le survol de deux millénaires chrétiens révèle des correspondances (synchronicités) que l'on pourrait être tenté d'interpréter comme le passage de l'ère du Christ à celui de l'Antéchrist, parallèlement au déplacement du point vernal de l'un à l'autre des Poissons. Des prédictions explicites d'astrologues de la Renaissance, dont l'illustre Nostradamus, projettent une lumière curieuse sur la présence de telles préoccupations dans l'esprit occidental.

      Jung étudie le symbolisme du poisson et celui du Soi en s'appuyant sur des documents émanant des gnostiques et de leurs successeurs, les alchimistes. Il considère les uns et les autres comme des psychologues avant la lettre, qui ont refusé les limites du dogme pour demeurer fidèles aux données de l'expérience intérieure. C'est pourquoi il voit en eux les ancêtres de sa psychologie des profondeurs.



      • Synchronicité et Paracelsica
      Albin Michel (traduit de l'allemand par Claude Maillard et Christine Pflieger-Maillard)


      Préface datée d'Août 1952 rédigée par Jung lui-même :
      "En rédigeant ce texte, je m'acquitte pour ainsi dire d'une promesse dont, de longues années durant, je n'ai pas osé entreprendre l'exécution. Les difficultés du problème et celles de son exposé me paraissaient trop grandes ; trop grande aussi la responsabilité intellectuelle sans laquelle un tel objet ne saurait être traité ; trop insuffisante enfin ma préparation scientifique. Et si pourtant j'ai surmonté ma crainte et entrepris ce travail, c'est pour l'essentiel, d'abord parce que de décennie en décennie mes expériences concernant le phénomène de la synchronicité se sont accumulées ; ensuite parce que mes recherches sur l'histoire des symboles et plus particulièrement sur le symbolisme du poisson n'ont cessé de m'imposer la présence toujours plus proche de ce problème ; enfin parce que depuis vingt ans déjà j'ai mentionné çà et là dans mes écrits l'existence du phénomène sans donner d'explication plus précise. Je voudrais mettre un terme provisoire à cet état insatisfaisant de la question, en essayant de présenter de façon cohérente tout ce que j'ai à dire sur elle. Si dans ce qui suit je demande à mon public une dose inaccoutumée d'ouverture intellectuelle et de disponibilité, je le prie de ne pas y voir de ma part quelque arrogance. Non seulement j'attends de mon lecteur qu'il me suive dans des régions obscures et problématiques de l'expérience humaine, dont l'accès est barré par des préjugés, mais encore je lui impose les difficultés qu'il y a pour la pensée à traiter et à éclairer, précisément, un objet aussi abstrait. Ainsi que chacun pourra le constater après avoir lu quelques pages, il ne s'agit nullement ici de décrire et d'élucider totalement ces faits si compliqués, mais seulement de tenter d'aborder le problème assez en détail pour que sinon la totalité de ses aspects et de ses corrélations, du moins bon nombre d'entre eux deviennent visible, et que s'ouvre ainsi, comme je l'espère, un accès à un domaine encore obscur mais d'une importance philosophique extrême. En tant que psychiatre et psychothérapeutique, j'ai souvent été mis en contact avec les phénomènes en question, et j'ai pu notamment mesurer avec certitude tout ce qu'ils signifient dans l'expérience intérieure de l'être humain. Il s'agit en effet le plus souvent de choses dont on ne parle qu'à voix basse, afin de ne pas les exposer à la raillerie de l'irréflexion. Je n'ai cessé de m'étonner du grand nombre de gens qui ont connu des expériences de ce genre, et du soin qu'ils mettaient à garder le secret de l'inexplicable. C'est pourquoi les raisons que j'ai de m'intéresser à ce problème ne sont pas seulement scientifiques, mais également humaines".
      L'ouvrage se découpe en 3 chapitres qui abordent successivement : la synchronicité, principe de relation acausales - Paracelse – Sur la synchronicité (une expérience astrologique - l'avenir de la parapsychologie).




      • Réponse à Job
      Buchet/Chastel (traduit de l'allemand et annoté par le Dr Roland Cahen)



      Analyse de la représentation, dans le Livre de Job, du Dieu Yahvé vu sous l’angle de l’amoralité de ses rapports avec l’humanité. Dans ce texte, Yahvé apparaît bien plus humain que divin ; il est injuste, irrationnel, et capable de moins de moralité que Job. Le fait que Job demande à Dieu de le défendre contre Dieu lui-même est considéré comme symbolique de la nature duelle de Dieu, tout à la fois protecteur et persécuteur, bon et mauvais. Le caractère de Dieu est manifestement antinomique, un ensemble d’opposés, et c’est à partir de ce conflit interne que proviennent son dynamisme, son omniscience et son omnipotence. On considère que cette approche de Dieu est le reflet de la prise conscience, par l’auteur du Livre de Job en particulier et par les métaphysiciens en général, que le concept de Dieu est un concept relatif dépendant d’interprétations et non de faits. Cependant, et jusqu’à nos jours, cette restriction n’entraînait pas une dévaluation de l’image de Dieu ; à présent, la nature de Dieu et ses implications dans l’esprit de l’homme est sérieusement analysée. Relativement à cette nature duelle de Dieu, examen de l’état de la pensée religieuse et de la tradition au temps où fut écrit le Livre de Job. La représentation de la Sophia, la force féminine et coéternelle de Dieu, est considérée comme un avatar de la tradition symbolique grecque et mise en parallèle avec la mythologie indoue ; elle représente la contrepartie noble et sage du côté impitoyable de Yahvé. L’assimilation de la Sophia et de Dieu intervient au moment où la rationalité et le sens de la justice en l’homme ont suffisamment mûri pour accepter un Dieu injuste. Une autre humanisation de Dieu, préfigurée par l’histoire de Caïn et Abel et le meurtre de l’aimé de Dieu, est sa venue sur terre sous forme humaine. Le Fils de Dieu est considéré comme une qualité souhaitée par l’homme et par Dieu. L’adjonction du féminin, comme élément du concept masculin de Dieu, réunit les entités conflictuelles ; une semblable réunification est perçue dans la prise en compte, à travers les symboles, de l’inconscient par le conscient. C’est à travers l’analyse de son inconscient que l’homme perçoit l’archétype de Dieu. Dieu n’est pas identifié à l’inconscient ; c’est plutôt une image archétypique qui surgit de l’inconscient et aide l’homme dans sa recherche de totalité.
      [Extrait des "abstracts" qui sont les résumés des dix huit volumes des Collected works, publiés en 1978 par le National institut of mental healt]






      • Les racines de la conscience
      éditions Buchet Chastel (Traduction par Yves Le Lay)


      Les racines de la conscience (1954) reprend, développe et approfondit la notion d'archétype" qui occupe, on le sait, une place centrale dans la pensée de Jung. Ce concept en effet peut se comparer aux "catégories" de la philosophie traditionnelle (Aristote, Kant) ou aux "structures" des modernes (Piaget, Lévi-Strauss, Lacan). Les archétypes sont les schèmes éternels de l'âme humaine, les images et symboles qui peuplent l'inconscient collectif et modèlent le flux de l'énergie psychique. Leur nature et leur signification sont ici commentées sous des angles différents et complémentaires –histoire, exposées de cas, pratique et théorie psychologiques – donnent son unité à ce recueil. Après une définition des archétypes présents dans l'inconscient collectif – en particulier l'image de la mère et l'idée d'anima – Jung illustre son propos par l'analyse des symboles contenus dans l'oeuvre d'un alchimiste et gnostique du III è siècle, par l'étude radicalement nouvelle du rite chrétien de la messe et par celle des représentations archétypiques de l'arbre dans les mythologies et les religions.
      L'ouvrage s'achève par une réflexion théorique sur la nature du psychisme montrant notamment que la conscience n'est pas une création ex nihilo, mais prend racine dans la genèse de l'espèce.




      • Mysterium conjunctionis (tome 1) Études sur la séparation et la réunion des opposés psychiques dans l'alchimie - (Avec la collaboration de Marie-Louise von Franz) - éditions Albin Michel (Traduction par Etienne Perrot)

        L'alchimie a fourni à C.G. Jung "la forme lui permettant de modeler et de communiquer ses expériences dans la ligne d'une tradition historique de l'Occident" (M.L. von Franz). Mysterium conjunctionis est le fruit le plus pur de ces épousailles. L'auteur, couronnant son oeuvre, y présente le trésor ramené de son dialogue avec les anciens grimoires, inlassablement poursuivi au long d'un quart de siècle.
        Mais, chez le médecin-philosophe de Küsnacht, le passé n'est là que pour confirmer, étayer et éclairer le présent. On doit rappeler à ce sujet les termes qu'il utilise, dans Ma vie, pour caractériser son ouvrage : "Ce n'est qu'avec Mysterium conjunctionis que ma psychologie fut définitivement placée dans la réalité et reprise en sous-œuvre comme un tout, à l'aide de matériaux historiques." Et il ajoute : "Ainsi ma tâche était accomplie, mon oeuvre faite, et maintenant elle peut tenir debout." Ce fier témoignage fait indiscutablement du Mysterium le testament de Jung, son chef œuvre au sens médiéval du terme.
        En publiant, nous avons conscience de mettre entre les mains de quiconque se penche sur son propre mystère un élément de la "chaîne d'or" qui l'aidera à diriger sa marche et à en conjurer les périls.
        Nous présentons aujourd'hui le premier tome de l'ouvrage où l'auteur étudie les grands symboles par lequels les achimistes désignent les "composants de la conjonction", ou "ingrédients du grand œuvre" ; la subtance mystérieuse, le soleil, la lune, le soufre, le sel.




      • Mysterium conjunctionis (tome 2) Études sur la séparation et la réunion des opposés psychiques dans l'alchimie - Avec la collaboration de Marie-Louise von Franz - éditions Albin Michel (Traduction par Etienne Perrot)

        Mysterium conjunctionis est le fruit de la confrontation poursuivie pendant plus de vingt ans par C.G. Jung aidé de Marie-Louise von Franz avec l'alchimie historique dont la psychologie des profondeurs "a repris le sentier perdu".
        Dans ce second volume l'auteur aborde de façon plus centrale le "mystère de la conjonction", objet et but commun des deux disciplines. Il s'agit d'une réconciliation des opposés qui a pour siège l'homme ordinaire et entraîne son "ennoblissement", faisant éclore en lui la figure archétypique de l'anthropos, homme primordial (Adam et Kadmon) et "dieu terrestre", auquel la psychologie moderne donne le nom de Soi. Ainsi s'opère "la guérison du roi" qui met fin à la stérilité du royaume.
        Écartant soigneusement toute spéculation métaphysique ou théologique, le psychologue de Zurich nous lègue, comme fruit de ses observations et aboutissement de sa méthode, la réalité empirique de "l'homme passant infiniment l'homme" célébré par les grands enseignements religieux de l'humanité.
        Un pareil témoignage ne peut être pris à la légère à l'heure où l'extension du chaos à l'échelle de la planète intensifie l'appel d'une "libération". Jung montre le chemin d'un accomplissement source de sens et de paix. Il nous place ainsi devant une responsabilité aussi lourde que remplie d'espérance.






      A suivre...


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