06 janvier 2013

La psychanalyse jungienne


En changeant le titre de mon blog, j’ai souhaité montrer mon désir de faire connaître un peu mieux la branche de la psychologie que C.G.Jung représente. Non pas que j’abandonne mon désir de parler de l’inconscient – loin s’en faut - je souhaite simplement inscrire davantage mon propos à l’intérieur du champ de la psychologie analytique de Jung.  
Pourquoi l’appeler alors  la psychanalyse jungienne ?
Nous savons tous que la psychanalyse est très étroitement liée au nom de Freud. La psychanalyse est bien sa création. Et qu’a t-il créer ?  Une méthode de soin fondée sur la parole, une série de conceptions psychologiques, une théorie du conflit ; conflit essentiellement psychosexuel, et qui montre au final la puissance du désir – ce qui n’est pas peu. Nous savons aussi que Freud a payé de sa personne pour pouvoir inventer la psychanalyse. Puisque sa propre analyse a constitué le chantier de sa grande découverte : la terre noire de l’inconscient. Il a su admirablement démontrer la logique « du système psychique » incluant la vie de l’inconscient. L'inconscient, cet inconnu et grand ravisseur de vérité dont on préfère ne rien savoir.  La psychanalyse freudienne, ou bien devrait-on dire la méthode freudienne, permet de sonder l’inconscient dont le contenu est constitué par tout le refoulé.

La psychanalyse jungienne établit un tout autre rapport avec l’inconscient. Jung avait une perception beaucoup plus positive de l’inconscient.
Voici ce qu’écrit Jung dans Problèmes de l’âme moderne :
« Il semblerait que la cause des névroses serait la suivante : elles apparaitraient parce que des souvenirs et des tendances pénibles, appelés contenus incompatibles, seraient refoulés de la conscience et rendus inconscients par suite d’une sorte de ressentiment moral reposant sur des influences de l’éducation. Dans ces conditions, l’activité inconsciente de l’âme, ce qu’on appelle l’inconscient, apparaît surtout comme un réceptacle de tous les contenus gênants pour la conscience ainsi que de toutes les impressions oubliées. Mais d’autre part, on ne peut pas non plus se fermer à la constatation que ces contenus incompatibles proviennent de tendances inconscientes ; ce qui signifie que l’inconscient n’est pas uniquement un réceptacle, mais simplement la matrice de ces choses dont la conscience voudrait bien se débarrasser. Nous pouvons même avancer encore d’un pas : l’inconscient produit aussi, on les créant de nouveaux contenus. Tout ce que l’esprit humain n’a jamais créé est issu de contenus qui furent en dernier lieu des germes inconscients. Tandis que Freud insistait tout spécialement sur le premier aspect, j’ai souligné le dernier sans cependant mettre en doute l’existence du premier.  Il n’est certes pas sans importance que l’homme élude et cherche le plus possible à éviter ce qui lui est désagréable et par conséquent oublie volontiers ce qui ne lui convient pas ; il me semble cependant beaucoup plus important de rechercher ce qui constitue effectivement l’activité positive de l’inconscient ».

La psychanalyse jungienne insiste donc sur l’aspect positif et créateur de l’inconscient. Et propose ainsi une pratique clinique qui diffère de la doctrine freudienne. 

6 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. De l'"inconscient-poubelle" de Freud...à l'inconscient-matrice de Jung...on est passé du négatif au positif...

    Mais on peut encore élargir les vues...
    Voilà un extrait d'un auteur peu connu (Richard Sünder), extrait que je trouve intéressant (et que je résume un peu):

    "Selon le concept restreint de Freud, l'inconscient est un imaginaire individuel et matériel, si possible localisé dans le cerveau.Selon le concept général de Jung, l'inconscient devient un imaginaire collectif et spirituel, vraisemblablement situé hors du cerveau et qui est le réservoir d'archétypes communs à toute l'humanité, parmi lesquels l'image m^me de Dieu...Selon le concept global de Wilhelm Reich, l'inconscient est l'éther qui remplit tout l'espace, il devient donc un imaginaire éthérique et cosmique. Pour Lacan, l'inconscient est "structuré comme un langage", c'est donc un imaginaire verbal ou sémiotique mais chaotique (par opposition à cosmique) en ce sens qu'il exclut tout sens global et tout projet préalable.
    Il est donc clair, à travers l'évolution même du concept, que l'inconscient est l'idée d'une FORCE (Freud), d'un IMAGINAIRE (Jung), d'une TOUTE-PUISSANCE(Reich) et même d'un VERBE (Lacan)...

    (remarquons qu'on n'est pas loin, avec ses "qualités", du concept de ...Dieu !)

    Mais ces conceptions apparemment antagonistes de l'inconscient ne seraient-elles pas, au fond, complémentaires ?
    L'inconscient ne serait-il pas A LA FOIS, individuel et matériel, collectif et spirituel, éthérique et cosmique, verbal et sémiotique ?

    L'inconscient serait en fait le réservoir de toute l'information possible du monde et n'aurait pas d'autre but que de se faire saisir par la conscience..."

    Bien que plutôt "jungienne" à la base, je trouve que c'est une position originale , qui sort de sentiers battus et qui mérite d'être "étudiée"... !

    Après tout, nous avons bien quatre évangiles complémentaires...pourquoi pas quatre "idées de l'inconscient" ?

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  3. Bonjour Licorne,

    Oui vous avez raison, l’inconscient peut s’exprimer de multiples façons. De même que l’inconscient est véritablement inconscient, et donc se réfère à ce que l’on ne connaît pas. Tout comme l’idée de Dieu…oui

    Freud, Adler ont limité, « ce quelque chose » à de l’instinctuel, Lacan aussi, simplement il pensait que l’on pouvait en tirer quelques connaissances grâce au langage.
    Pour Jung, l’inconscient, comme il le dit lui-même, c’est de la vie. De la vie qui, si elle se trouve enchaînée finit par se retourner contre la personne. L’attitude positive à l’égard de l’inconscient que j’ai soulignée mais avec très peu de détails dans ma note, consiste à penser que le psychisme humain tend vers un but, qui est celui de l’unification du conscient et de l’inconscient (une des productions positives de l’inconscient). Un analyste jungien, par exemple pensera que c’est grâce à cette réunification que l’on peut parvenir à guérir d’une névrose.
    L’attitude plus négative, à mon sens, d’un analyste freudien ou lacanien consisterait à penser que l’analyse ne saurait guérir totalement – et ce même après s’être débarrassé des contenus gênants - qu’il ne peut il y avoir donc, une unification parfaite de la personnalité. Ces vues là découlent d’une conception trop ou seulement matérialiste de l’inconscient qui fait que l’on passe sans doute à côté des causes profondes de la souffrance psychique…

    Donc oui, élargir sa conception de l’inconscient permet par exemple d’envisager le soin psychique tout autrement.

    Wilhelm Reich, je n’ai pas étudié sa conception de l’inconscient. Et concernant les 4 évangiles, et la quaternité donc, Jung en parle beaucoup dans son livre Aïon.

    Merci de votre participation Licorne,
    A bientôt
    isabelle

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  4. Oui, la "réunification" est au centre de la pensée jungienne, c'est la "clé" de toute la psychologie de Jung.

    Et cela, parce que notre principal problème est de nous croire "séparés" (séparés des autres, du monde, de la nature...).

    Les analyses "matérialistes" visent en fait à adapter la personnalité à ce qui est (la société, les normes en vigueur)...en ce sens , elles sont réductionnistes car elles ramènent tout au "moi"...
    La grande découverte de Jung est le Soi...totalité mystérieuse et "non-connue" qui par son attraction, permet d'aller plus loin...d'élargir les vues...Ainsi, on ne "rabaisse" pas le but de la vie à des concepts liés au Moi et à ses exigences.

    Jung en appelle à la totalité de l'homme, totalité dont la plus grande part, il faut bien le dire, nous échappe !

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  5. Merci de votre visite Lyne !

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  6. Très intéressant, OUI ,tout ceci.....cela me rappelle des articles dans mon blog, alors que je n'ai jamais rien lu de Jung ! Mais, j'ai été très inconsciente...et introspective... J'ai émis l'idée d'un accord inconscient conscient, pour une bonne santé physique et psychique. Merci pour vos éclaircissements,Isabelle.

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