Je voulais vous parler de la souffrance en lien avec la psychologie des profondeurs. Mais il m’est difficile de le faire sans évoquer d’abord l’épidémie de souffrance humaine collatérale que l’actualité place sous nos yeux.
Ce que je vois dans le monde me glace : toute cette violence qui tue et détruit, au mépris des populations — que ce soit à Gaza, en Ukraine, en Iran maintenant… et dans bien d’autres lieux, hélas, à travers le monde.
La souffrance existentielle, collective et collatérale submerge tout — y compris la vie individuelle.
En tant que psychologue, j’ai le sentiment que la subjectivité de chacun est piétinée, écrasée sous le poids de la masse.
Cela ne signale-t-il pas la difficile actualisation du Soi — cette instance intérieure capable d’articuler l’individuel et le collectif ?
Je sais bien que l’heure de l’Ère du Verseau n’a pas encore sonné (cf. Paul Le Cour), mais combien de vies humaines devront encore être fracassées, sacrifiées ?
La montée de la mondialisation avait déjà entériné l’unilatéralité d’une seule voie : celle de l’économie et du profit.
Aujourd’hui, avec l’essor du populisme et le retour des dictateurs, c’est une psyché archaïque qui se réveille — un refoulé collectif qui fait irruption.
Jung écrivait que, happé par la masse, l’individu disparaît, absorbé par l’abstraction qu’est la raison d’État (Présent et avenir).
Aujourd'hui, à nouveau, ce ne sont plus seulement des abstractions : ce sont les actes concrets de guerre et de génocide qui produisent ce sentiment d’effacement de l’individu.
Pour moi, cette souffrance humaine collatérale est profondément insupportable, abjecte, révoltante.
La nature extérieure peut infliger des tourments, mais c’est bien l’environnement humain — ce que l’on appelle « le monde extérieur » — qui incarne aujourd’hui les plus grands périls.
Et encore, je passe ici — pour ne pas alourdir ce post — l’impact délétère que ce climat exerce sur la psyché des plus fragiles…
Les sentiments, les attachements à sa famille, à ses ami·es, à la vie, à la psyché individuelle — que valent-ils face aux buts de guerre d’un pays, d’un parti, ou même d’un seul homme, qu’il soit dictateur ou fou ?
Pour quelqu’un comme moi, de culture jungienne : énormément.
Nous pensions, peut-être naïvement, qu’en vivant dans un monde (soi-disant) évolué, il deviendrait plus sûr.
Rien n’est plus faux aujourd’hui.