Mais nos émotions — en tout cas en France — sont encore si peu considérées ! Il n’y a pas si longtemps, les exprimer était perçu comme une faiblesse. Se taire, en revanche, était valorisé comme une vertu.
Bien sûr, les émotions violentes ou agressives n’ont jamais fait de bien à personne.
Mais précisément, la psyché possède des versants positifs et négatifs.
Tout n’est pas lisse ni blanc dans le monde psychique, comme d’ailleurs dans le monde physique.
Or nous aimons croire que nous pouvons, sans conséquence, ranger d’un côté le blanc, le lisse, le bien — et de l’autre, le noir, le rugueux, le mal.
Mais en pensant ainsi, nous ne faisons vivre qu’une partie de notre psyché.
C’est justement ce qui m’a poussé à m’intéresser à toute la psyché — et donc à la psychologie des profondeurs. Cela m’a pris du temps, car il a fallu accepter ce qui est inconnu, ce qui échappe, ce qui est sombre — ce que nous appelons trop vite “mauvais”.
Il existe, bien sûr, un “mauvais réel”, ce que Jung évoquait comme le mal radical, ou comme une force autonome dans la psyché.
Mais bien souvent, ce que nous qualifions de “mauvais” l’est simplement parce que cela se tient dans l’ombre : dans l’inconscient, dans ce qui n’a pas encore été reconnu.
La psyché, c’est tout cela à la fois : le sublime et le sombre, le lumineux et l’inquiétant — ce que nous connaissons, et ce qui reste à découvrir.
Il est essentiel d’accueillir tous ces aspects, non pour les craindre ou les nier, mais pour permettre au développement psychique de se poursuivre.
Parfois, d’ailleurs, ce développement peut s’arrêter net après un traumatisme violent.
La psyché peut alors dysfonctionner — mais aussi produire du merveilleux.
C’est ça la psyché ou tout le paradoxe de la vie.
Illustration ; Gaëlle Bacquet
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