01 février 2013

LE PÈRE DE LA LIBIDO, FREUD



La libido : l'énergie de la pulsion sexuelle.
Selon Freud, la libido est l'énergie psychique - ou l'énergie présente dans la psyché -de la pulsion sexuelle. L'énergie des pulsions sexuelles contaminerait, toujours selon Freud, une bonne partie de l'activité psychique normale provoquant ainsi la cause du conflit psychique le plus répandu et qui porte le nom de Névrose.

La pulsion
Mais avant d'aller plus loin, voyons quel sens précis Freud donnait au mot pulsion. La pulsion pour lui, désigne la poussée qui naît de l'intérieur d'une personne, qui part d'une source et qui se dirige toujours  vers un but déterminé. Sa source est toujours un état d'excitation corporelle. Et les zones excitées ou bien excitables dans le cadre des pulsions sexuelles, Freud les a appelées, les zones érogènes du corps. Elles correspondent à des zones du corps à partir desquelles sont susceptibles d'émaner des pulsions sexuelles. Quant au but de la pulsion, correspond la décharge, ou le passage à l'acte qui normalement reste soumis au contrôle de la conscience !
Et c'est sur le trajet allant de la source au but, que la pulsion devient psychiquement active ; ce qui signifie que la poussée se psychise au moment où le but qu'elle contient en son sein se déclenche, inscrivant par là même la pulsion dans une double existence, psychique et somatique ; c'est pourquoi on a l'habitude de dire que la pulsion est un concept limite entre la psyché et le corps. Et en effet, ne nous méprenons pas, la pulsion est avant tout un concept, ou si vous voulez, une invention opératoire ayant servi à Freud à bâtir une théorie sur la vie et le développement psychique, fortement copiée sur l'évolution de la pulsion sexuelle observée chez le jeune enfant. Elle lui a permis également de montrer combien “la vie sexuelle” intervenait de façon massive dans la psyché de l'Homme et pouvait ainsi se trouver à l'origine de nombreux conflits internes qui exposent la personne à des troubles ou maladies psychiques. Retenons donc, à propos de la pulsion, l'idée de poussée de l'intérieur, ou pour être encore plus précis, de quantum d'énergie qui pousse vers une direction déterminée. Dans sa manifestation, la pulsion qui est toujours sexuelle chez l'homme, c'est ainsi du moins qu'on la remarque le mieux, la pulsion devient ensuite une poussée vers un objet d'amour ou de désir, sa source reste toujours l'excitation d'une zone érogène et son but l'abolition de cette excitation. Ce qui est le propre de toute pulsion instinctive. La libido est donc l'énergie d'une pulsion psycho-physique pour Freud. Par la pulsion, l'instinct sexuel se retrouve représenté dans la psyché en devenant, fantasmes, fantaisies, désirs etc. Rajoutons également que quand l'instinct se psychise, la personne développe aussi la possibilité de le rendre conscient, et donc de mieux diriger et se servir autrement de l'énergie de la pulsion.

Quand les besoins et le père, obligent
Freud pour des besoins théoriques, je pense, a surtout mis l'accent sur la formation des désirs enfouis et refoulés donc, dans la psyché humaine à cause du conflit sévissant entre le moi (la censure) et les pulsions sexuelles. Sa vision de la vie de la pulsion lui a permis en fait de théoriser sa métapsychologie. Pour lui, l'énergie de la pulsion sexuelle (la libido) a comme but humain de devenir utilisable par le moi, en se désexualisant. Par exemple cette énergie, par l'abandon du but sexuel permet au moi de s'identifier avec le parent du même sexe. Rappelons que l'identification de l'enfant au parent du même sexe inscrit l'enfant dans l'ordre symbolique du monde réel. Ce déplacement de la libido Freud l'a appelé le narcissique secondaire ; celui-ci fait entrer en jeu la libido du moi et non plus la libido tout court. Le moi se prend en somme comme objet. Et c'est ainsi que peu à peu, toute la libido se transforme en libido d'objet. Autrement dit, elle se trouve toujours dirigée ou vers soi-même ou vers quelqu'un. Pour Freud, la libido doit toujours se décharger vers l'extérieur, vers un objet extérieur, c'est lorsqu'elle se dirige vers l'intérieur (appelé la régression) que commencent les dégâts…

Au service du ÇA
Car lorsqu'elle régresse, la libido se dirige vers le refoulé et surtout le terrible, ça. Le ça dans la théorie freudienne est le grand réservoir contenant toutes les énergies des pulsions, et surtout les pulsions sexuelles. La libido dans ce cas de figure fonctionne en étant au service du ça et non du moi comme cela doit normalement se produire. Le ça contient pour Freud des comportements sexuels très primitifs. La pratique de l'inceste, les perversions et autres aberrations sexuelles  dont certaines sont visibles chez le jeune enfant.

La sublimation
Toutefois, lorsque le moi se développe normalement, l'énergie sexuelle parvient mieux à se désexualiser jusqu’à provoquer l'apparition d'une instance supérieure nommée le Surmoi. Le phénomène de désexualisation de la libido est ce que Freud a autrement appelé la Sublimation. Par exemple le développement cognitif ou de la pensée est nettement amélioré grâce notamment à la sublimation des impulsions érotiques. Mais même lorsque l'identification et la sublimation ont bien été menées, le combat continue tout de même à faire rage dans les couches profondes du ça. Le feu du combat entre les pulsions opposées ne semble donc jamais s’éteindre puisque les patients de Freud étaient des adultes principalement.

Le jeu des tensions pulsionnelles
Freud a introduit une autre idée à propos de l'activité pulsionnelle, celle de l'impossibilité pour toutes les pulsions de s'unir. Il semble que pour Freud, cette impossibilité constitue la vie même. La tension des forces contraires permet la vie et son expression psychique, la conscience. Sans ce balancier, le déséquilibre, ou le chaos surviendrait. Donc sans tension, pas de vie. On retrouve la même idée chez Jung.
Tenant compte du jeu des tensions pulsionnelles, Freud dût modifier un peu sa théorie sexuelle initiale. Au début, il considérait que la pulsion d'autoconservation (du moi) s'opposait à la pulsion sexuelle ou de reproduction (de l'espèce) et constituait la source du conflit psychique majeur de l'homme. Puis pour de nouveaux besoins théoriques, il affirma que toute l'activité psychique était sous-tendue par deux grandes forces contraires, la pulsions de vie (comprenant l'Eros ou la libido) et la pulsion de mort (Thanatos, ou l'instinct de mort).

Contexte personnel, culturel et historique
de la théorie freudienne
Si Freud n'a pas fait évoluer davantage sa théorie, c'est, selon moi, parce qu'il est passé à côté du facteur spirituel qui semble aussi exister en germe dans la psyché. Rappelons que pour Freud le principe spirituel était un principe secondaire et annexe, qui naissait par l'influence de l'éducation surtout venant du père, et non pas d'un instinct de sagesse présent dans les couches profondes de la psyché humaine. La doctrine freudienne mettait à l'intérieur de l'homme, le refoulé - les passions et les pulsions - et le ça, grand réservoir des pulsions archaïques. Rien de très reluisant en comparaison en effet. Ce n'est qu'en développant une substructure, le surmoi que l'homme pouvait espérer s'extraire de la fange du ça, et acquérir et développer des qualités spirituelles. Ce qui veut dire aussi beaucoup grâce à l'éducation des parents. Mais l'apport essentiel que nous lui devons est d'avoir éclairé le phénomène de la sublimation ; celle-ci survient après que la libido ait modifié son but et changé d'objet. L'idée de modification ou de transformation dans la psyché d'une énergie instinctive en pensée ou en acte créatif, par exemple, est majeure et on la doit incontestablement à Freud ; on lui doit surtout son introduction dans le domaine de la connaissance psychologique.
Car le principe de transmutation de l'énergie existe depuis fort longtemps, les textes anciens alchimiques et ésotériques en parlaient bien avant la doctrine freudienne.

Si Freud n'a pas expliqué les choses autrement, c'est sans doute parce que sa propre orientation psychologique ne l'inclinait pas à le faire. Freud a élaboré sa doctrine tout en portant lui-même, un très gros complexe père. C'est d'abord en lui même que sévissait le combat entre des pulsions non éduquées et les tables de la loi extérieure, celle provenant du père. De plus, il était juif et l'on sait combien, dans cette communauté, la loi du père, c'est-à-dire extérieure à l'homme, tient une grande place, de même que la prédominance du monothéisme, ou la croyance en un Dieu unique lui seul capable de sauver et racheter l'humanité de tout, a dû peser beaucoup dans l'élaboration de sa théorie. Malheureusement, le Surmoi est une structure telle que la doctrine freudienne l'a présentée qui existe à l'extérieur de la personne (la loi paternelle est dictée par une tierce personne le père ou son représentant, et est externe à la personne) tout comme dans le dogme chrétien, on représente Dieu par une image extérieure. C'est Jung qui a montré que le Dieu des Chrétiens est en fait un archétype divin projeté à l'extérieur. Ce que Freud n'a pas compris selon moi, c'est que l'homme porte Dieu en lui-même, ou son archétype divin dans sa psyché. Pour les gnostiques monter ou descendre cela revenait au même. Pas pour  Freud. Il n'a pas vu que la sexualité était dans son essence numineuse ou carrément un instinct numineux divinement puissant. Il a saisi son action importante dans une vie humaine mais non son sens profond ainsi que sa vocation initiatique pour l'évolution spirituelle de l'homme. D'ailleurs les idées de Freud sont nées vers la fin de l'époque victorienne ô combien puritaine. Depuis nous nous mettons bien moins à refouler nos pulsions sexuelles, est-ce que pour autant l'état de santé psychique de l'homme s'est amélioré ? Je ne le pense pas. La naissance de la psychanalyse, et plus tard les événements de mai 68 ont abouti à la libération du sexe. On a libéré le sexe, mais pas la sexualité, et ne parlons pas de la libido ! La pensée commune est loin, très loin, de s’imaginer que l'homme peut transporter en germe des forces spirituelles !
En clair, sans l'Eros ou la puissance de l'amour, il y a un travail ou une transformation profonde que la psyché humaine ne peut pas accomplir. Et d’ailleurs dans le domaine thérapeutique, n'est-ce pas grâce beaucoup au transfert que s'obtiennent les meilleures cautérisations et rémissions psychiques ? N'oublions pas, non plus que, la psyché qui héberge les expériences intimes et fortes de la vie affective, est le vase préparateur pour la mise au monde de l'âme, autrement dit de la personnalité profonde et entière. Il y a des expériences qui révèlent notre soumission à l'instinct, et tant que l'instinct reste rivé sur des buts trop égoïstes, son énergie ne peut être rendue utilisable autrement ou bien devenir libre pour servir des buts désintéressés ou spirituels. Seule la marche rétrograde de l'énergie (c'est-à-dire dirigée vers l'intérieur) permet de réaliser certaine défixation, voire, allez selon les personnes, jusqu'à rencontrer des archétypes divins puissants. L'Eros ou l'instinct sexuel sont liés aux mystères de la vie et de la mort, ainsi qu'à l'éveil de la psyché. À la mort et à la renaissance d'un autre moi. Un moi qui a fusionné avec l'âme et les abysses de sa sagesse…



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