La libido, énergie psychique non spécifiée, non visible
directement, existe dans notre univers
mental et physique à l’état d’images dirigée vers un but, une activité qui
n’est jamais la même. Un but qui deviendra geste, désir, puis idée. Car
derrière l’activité primale que pointe par
l’émotion et l’image la libido se tient l’archétype. L’archétype étant le générateur de l’idée primale. L’agent de l’idée.
Le fonctionnement de l'archétype ressemble en somme à celui de l’instinct qui s’observe par exemple dans le monde animal. Les instincts s’emploient à orienter les
animaux vers des activités de survie : s’attacher, manger, construire,
lutter, tuer, parader, s'unir etc. A la
différence des instincts animaux, nos archétypes humains sont livrés avec
« un plan » à découvrir et « un
dictionnaire historique » à déplier.
Quand par exemple, soudain telle idée, telle situation,
telle personne, ou tel rêve se mettent à
faire sens à l’intérieur de vous, hé bien il y a de grande chance que ce soit dû
au plan qui vient d’être touché. La psychanalyse lacanienne parlera plus
volontiers de structures.
Ne retrouvons-nous pas les mêmes activités automatiques et
aveugles lorsque nous lançons nos petites applis modernes avec nos smartphones. Programmes
informatiques réglés pour fonctionner tout seuls dans un certain but et pour
produire une certaine activité, certes, ici dans le domaine de la vie pratique.
Avec la libido, mais nous pourrions tout aussi bien parler
d’inconscient ou d’archétypes, nous retrouvons ses mêmes qualités directionnelles
et involontaires. Au départ seulement, car la libido humaine est capable de se
transformer, et donc de produire des symboles ; des symboles qui vont
conduire l’énergie psychique peu à peu vers une nouvelle forme d’utilisation.
Chaque nouvelle forme produite rend la personne en capacité dirons- nous, de devenir
plus consciente de l’idée. Qui elle ne
change jamais. C’est un peu comme si la forme changeait mais le fond jamais. Et c’est sans doute beaucoup pour cela que ce fond constitué d’images
éternelles, dit l’inconscient collectif, renferme non pas que de l’instinctuel
(le ça de Freud) mais aussi et non en moins grande quantité, du spirituel.
En d’autres termes, la libido ou l’énergie de l’instinct
peut évoluer et donc se transformer grâce aux symboles. Jung compare le symbole
à une machine transformatrice de l’énergie. Puisqu’il va amener, en effet,
l’énergie à prendre une autre forme d’activité. Cela revient, dans la nature, à
par exemple transformer la force du vent en une force produisant de la chaleur
au moyen d’une éolienne. Le symbole remplit dans notre vie psychique ou mentale
le même rôle que l’éolienne.
Transformer l’énergie veut dire, par conséquent,
utiliser l’énergie autrement.
Nous trouvons un très bon exemple de transformation de
l’énergie psychique dans les coutumes des sociétés primitives. Un exemple que je
détaillerai dans un prochain billet.