Les deux formes de
pensée :
la pensée sans but
La manifestation de l’énergie indifférenciée, dite libido, avons nous dit, que ce soit en
conscience ou sans est toujours issue d’un vécu subjectif. Vécu pouvant prendre
l’aspect d’un senti, mais aussi, d’une image « interne » éloignée du
réel sensoriel.
Bien avant que l’homme soit capable de s’introspecter, dans
la lointaine antiquité donc, cette manifestation se vérifie encore davantage,
par exemple, par la production d’images au caractère général et collectif.
L’homme primitif pouvait ainsi, être capable de libérer très
spontanément ce qu’il trouvait en lui. Parce qu’en ces temps lointains, la pensée
dirigée, ne s’exerçait pas. Comme la pensée dirigée ne s’exerçait pas, la
pensée imaginative pouvait s’écouler naturellement et pouvait produire les
fameux mythes.
L’élément collectif et général prévalait aussi parce que
les problèmes de l’individu, ceux qui relèvent d’une vie individuelle
n’existaient pas encore. Tout était
ramené à la vie collective, autrement dit à la vie instinctive animant la
psyché. Jung a appelé cette forme de pensée, la pensée non dirigée, une pensée
qui repose sur des motifs subjectifs, des motifs inconscients et donc sur des
instincts.
La pensée dirigée
ou avec but
Cette pensée primitive se distingue très nettement de la
pensée dirigée qui est celle de la pensée par le langage parlé que nous
pratiquons habituellement. La pensée dirigée ou la pensée en mot, comme le dit
jung est la pensée qui a forcé l’homme à trouver une entente commune. Elle a
permis au tout début de l’histoire du monde l’émergence de l’empirisme, de la
science et de la technique d’aujourd’hui. En clair, c’est la pensée qui permet
l’adaptation psychologique au monde réel. Elle sert à communiquer et est
toujours guidée par un but, notre fameuse volonté.
La libido dans la
pensée subjective
La pensée imaginative ou subjective ne produit rien qui
ne serve à l’adaptation. Au contraire, elle détourne du réel et libère des
tendances subjectives. Elle est un pur produit de l’inconscient. Et donc une
manifestation de la libido. L’énergie psychique dans cette forme de pensée, se
met à animer des images pré-imprimées qui s’agencent non selon une direction précise,
nous dit Jung, mais pioché dans le passé ou le futur, ici de l’espèce ; un
peu comme dans la pensée en rêve – Dans les Métamorphoses, certes, Jung n’emploie
pas encore le mot archétype, mais il est clairement sous entendu –
Déesse de la lune
et Dieu soleil
La pensée subjective est le résultat en quelque sorte de
l’énergie se propageant dans les différents motifs intimes et inconscients
propre à produire des représentations collectives.
La réalité et les objets qui la compose portent de fait,
le déguisement de l’image intérieure produite par l’énergie et correspond aux
fantaisies subjectives. Par exemple l’homme naïf ne percevait pas la lune comme
un simple mini corps céleste visible depuis la terre, mais comme la représentation concrète de la déesse
féminine, qui n’est autre que le très vieux principe spirituel, l’Eros, dit
encore le principe féminin, que l’on appelait en Chaldée la déesse de la lune[1]. Les Chinois quant à eux, appelaient la lune
Yin, ou la puissance ténébreuse de la femme.
Ecoutons enfin ce que nous nous dit Jung sur le couple
soleil/lune "La naïveté de
l’antiquité la plus reculée considérait le soleil comme le gigantesque père du
ciel et la lune comme la mère féconde".
Cet exemple très brièvement rapporté ici, indique combien l’homme archaïque regardait le monde non pas pour s’adapter à lui mais
pour l’adapter à son propre monde intérieur autrement dit à ses fantaisies et à
ses espérances subjectives. Par exemple l’homme naïf imaginait le soleil avec
des ailes, avec des jambes, des bras etc…
L’énergie lorsqu’elle est constellée par la pensée
imaginative, c’est à dire lorsqu’elle anime les motifs inconscient ou les
archétypes, peut révéler aisément
la cartographie de la psyché humaine. C’est pour cela qu’il est essentiel
d’examiner les matériaux historiques si l’on désire sonder en profondeur les
fondements de la psychologie humaine.
Il semblerait que les deux images, motifs ou archétype du
féminin (l’Eros) et du masculin (le logos) occupent une place majeure dans
l’organisation de la psyché humaine inconsciente. Puisque leurs représentations
esthétiques exprimées sous la forme de divinités, certes fort changeantes,
apparaissent d’évidence de manière marquée dans toutes les religions
anciennes.
[1] Esther
Harding – Les mystères de la femme -
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