Une version de cet article revu, corrigé et mieux expliqué est ici
L’émancipation des femmes depuis les six dernières décennies s’est montrée spectaculaire. Bien plus actives et visibles qu’hier, les femmes modernes ont beaucoup gagné en autonomie, indépendance, compétence, prestige et initiative. Malgré cela, la question du féminin dans la femme est loin d’être réglée.
Comme l’écrivait Jung[1], les femmes "ne
peuvent échapper à la réalité que voici : les femmes embrassent une profession
d’homme, elles étudient et travaillent à la manière des hommes et font ainsi
quelque chose dont le moins qu’on puisse dire est que cela ne correspond pas
entièrement à leur nature de femme. Quand on vit ce qui est le propre du sexe
opposé, on vit en somme, dans son propre arrière plan, et c’est l‘essentiel qui
est frustré. L’homme devrait vivre en homme et la femme en femme".
Eros, l’Eros différencié précisément,
représente le principe de relation, autrement dit pour la femme, son potentiel
de relation réelle reposant sur le sentiment vrai. "La femme sait de plus
en plus que l’amour seul lui donne la plénitude de développement, de même que
l’homme commence à saisir que l’esprit seul donne à sa vie son sens le plus
noble et tout deux, au fond, cherchent le rapport spirituel qui les unira,
parce que l’amour a besoin, pour se compléter de l’esprit et l’esprit, de
l’amour".
En adoptant une attitude masculine dans leur
travail, les femmes frustrent leur propre nature féminine. La nature féminine
dont il est question ici n’a rien à voir avec les caractères que l’on attribut habituellement aux femmes tels que le
charme, la douceur, l’amabilité. La nature féminine de la femme correspond à ce
qui vient de l’inconscient de l’homme (l’anima), et qui ressort dans son humeur et ses émotions
puériles ou naïves. Chez la femme, les émotions ne viennent pas de son inconscient mais
de son propre être conscient ; car ce qui intéresse la femme ce sont toujours
les relations humaines.
"Les caractéristiques d’une femme c’est
de pouvoir tout faire par amour pour un être humain", fait remarquer
Jung. Lorsqu’une femme mène des
activités par amour pour les choses, et c’est ce qu’elle fait dans son travail
cela signifie qu'elle vit en homme. "L’amour des choses est une
prérogative masculine". Ce constat évident rappelle que la psychologie de
la femme repose sur le grand Eros. "Eros est un principe spirituel ou
psychologique, ou en termes d’autrefois une divinité. Etre attaché à ce
principe suppose qu’on s’oriente vers ce qui transcende les buts et les ambitions
individuels[2] ".
Ce que la femme moderne comprend mal c’est
qu’en sacrifiant son Eros et elle le fait inconsciemment certes, elle renforce le pouvoir de son animus, ou
son attitude masculine inconsciente. L’animus chez la femme s’exprime par des
certitudes unilatérales, des opinions radicales et bornées. Tout ce qui irrite
au plus haut point l’homme et qui l'incite à rester bien éloigné d'elle. Je
rappelle que le nombre de femmes qui vivent seules dans nos sociétés modernes
ne cesse de progresser.
Pour comprendre l’importance de la réalisation
de son Eros, la femme a besoin, comme l’indique Jung que l’homme s’aventure sur
le terrain de ce qu’il répugne le plus : à savoir son propre féminin
inconscient, autrement dit le spirituel, l‘inconscient, ou tout ce qui lui
paraît flou, trop psychologique, érotique (confondu souvent avec la sexualité).
L’homme préfère, hélas s’en tenir à la froide logique ce qui n’arrangent guère
les affaires de la femme. Or, en ne développant pas un peu son éros, il
n’aidera guère la femme à mieux comprendre et à récupérer sa part de féminité
naturelle perdue. En attendant – que l’homme s’avance sur cette voie – et s’il
ne fait rien, il faut s’attendre à ce que la femme continue à s’appuyer sur son
animus comme le fait traditionnellement une épouse sur son époux, et donc reste
soumise à sa toute puissance, car la
nature de la femme c’est aussi d'être dépendante. Dit autrement, "son animus continuera à posséder son
moi féminin"[3].
Ainsi, le progrès vers l’autonomie sociale
réalisée par la femme d’aujourd'hui, qui est apparue sous la contrainte de
faits économiques principalement "n’est cependant qu’un symptôme et non
le point de l’affaire", complète utilement Jung, Mais un symptôme
n’indique t–il pas toujours une possibilité de guérison ?
[1] Problème de l’âme moderne – La femme en Europe – Jung
[2] Les mystères de la femme – Esther Harding
[3] La femme et son ombre – Silvia Di Lorenzo
Article débile.
RépondreSupprimerS'il y a de plus en plus de femmes seules dans nos sociétés, alors en tout logique statistique il y aura aussi de plus en plus d'hommes esseulés. Ensuite on ne voit pas très bien en quoi il serait irritant pour un homme d'avoir une femme dotée d'un fort animus (âme, en fait), et pourquoi la femme qui serait ainsi pourvue devrait être fatalement bornée. Enfin, l'amour pour les femmes, l'esprit pour les hommes !! La belle affaire !!! On a testé ça pendant 2000 ans avec les résultats qu'on connait : des sociétés arides, des couples mal assortis et un fort niveau de violence intrinsèque. Pour que cela fusse encore vrai de nos jours, déjà faudrait-il trouver beaucoup d'esprit chez les hommes, ce qui ne sera pas simple, puis des femmes ayant une propension à l'amour supérieure à la leur, ce qui est évidemment très discutable.
Bref, en tout état de cause, à part le blabla habituel essayant d'attribuer à un "éternel" féminin des conduites particulièrement avantageuses pour les hommes (l'amour, sans l'esprit), on ne voit pas très bien ce que ce genre d'inepties, marquées au sceau du XXe siècle misogyne, vient foutre au presque quart du XXIème siècle. Merci de laisser les femmes seules gérer leur propre féminité, comme elles l'entendent.
Totalement en accord avec vous.
RépondreSupprimerEn découvrant la pensée de Jung sur la femme, je me faisais exactement les mêmes reflexions et bondissais aux mêmes inepties.
Bonjour,
RépondreSupprimervous avez raison, je me suis mal exprimée à plusieurs endroits. C'est pourquoi je viens de poster un nouvel article qui revoit corrige et explique plus clairement je l'espère ce que je souhaitais dire. Voici le lien : https://lapisis.blogspot.com/2019/08/le-feminin-est-lavenir-de-lhumanite.html