14 avril 2006

Notice biographique de Carl Gustav Jung

"Noli foras ire, in interiore homine habitat veritas"
(ne va pas à l'extérieur, c'est dans l'homme intérieur qu'habite la vérité)


L'œuvre vécue et écrite par Carl Gustav Jung est le reflet de l'aventure de son développement intérieur. Ma vie, écrit-il, est "l'histoire d'un inconscient qui a accompli sa réalisation". Il a su écouter et suivre son inconscient, en sachant repérer, contrairement par exemple à un Nietzche les dangers que cette démarche fait nécessairement encourir.

Je crois, personnellement, qu'on réalise mal, surtout en France ce que cet homme a légué à l'humanité qui désire connaître et comprendre la transformation spirituelle, la réalisation du soi, ou la plénitude. (ou encore ce que les Bouddhistes appelle l'illumination).
Ainsi que Jung nous le signale :
"Dans l'âme, depuis ses origines primordiales, il y a toujours eu un désir de lumière et un besoin irrépressible de sortir de l'obscurité première…la nuit primordiale de l'âme est aujourd'hui la même qu'elle a été depuis des millions d'années. L'aspiration à la lumière est l'aspiration à la conscience".
Outre le psychiatre de grande renommée qu'il était Jung agissait en guérisseur de l'âme. Il ne proposait aucune méthode fixe de traitement. Mais plutôt une aide ainsi qu'un suivi complet au plein développement de la graine spirituelle perdue tout au fond de l' inconscient.

Ses lieux de vie
Carl Gustav Jung naît en 1875 en Suisse, ce paisible et charmant pays situé au cœur de l'Europe et y résida tout au long de sa vie. Les eaux calmes et bleues du lac de Constance ainsi que le
blanc des montagnes enneigées des Alpes ont constitué très certainement des images très inspirantes pour ce savant. L'eau qui désigne l'inconscient fut même l'élément majeur qui l'environna. En effet, partout où il vécut, on constate la présence de l'eau : Kesswill, son village natal se trouve en bordure du lac Constance ; depuis la résidence familiale - le château de Laufen - on aperçoit ainsi qu'on entend les eaux des chutes du Rhin ; une fois marié, il se fixe durablement à Küsnacht tout près du lac de Zurich ; et enfin, il meurt (le 6 juin 1961) à Bollingen, petit bourg où il fit construire une tour au bord de l'eau.
Voici d'ailleurs un extrait de ce qu'il écrivit à propos du lac de Constance, dans son livre autobiographique "ma vie" :
"le lac s'étendait dans un lointain infini et cette immensité était un plaisir indescriptible, une merveille sans pareille. Alors se fixa solidement en moi l'idée que je devais vivre au bord d'un lac. Je pensais qu'on ne pouvait exister qu'au voisinage de l'eau".
Enfances & études
Très jeune, Jung exprima une très grande sensibilité et vulnérabilité issues sans doute de son vécu intérieur dont il pressentait que la réalité et les buts étaient d'une importance souveraine.
Un grand nombre d'évènements intérieurs commença à se manifester dès qu'il eut 6 ans ; il recevait de fortes impressions à la vue d'images dans un livre dont sa mère lui faisait la lecture et qu'il réclamait instamment ; ces images montraient des figures religieuses exotiques notamment d'Inde. Toujours à l'époque de sa première enfance, il connut un grand nombre de rêves d'angoisse ainsi que beaucoup d'autres rêves étranges qui étaient sans doute à mettre en relation avec son grand secret qu'il ne pouvait partager avec personne. Il était continuellement à la recherche de quelque chose de mystérieux. Le mystérieux s'est aussi fait entendre au cours de sa vie : par exemple vers la fin de son enfance, il fut le témoin à la maison d'étranges phénomènes - explosion de bois de meubles, bris soudain de lame de couteau etc - Suite à quoi, il s'essaya même à réaliser quelques observations spirites.
Enfin, chose troublante, il sentait très distinctement qu'il appartenait à l'époque du XVIIIe siècle ; tous les objets se référant à cette époque lui paraissaient très familiers. Il lui semblait que cette impression chez lui ne pouvait relever d'aucun résidu de souvenirs "extérieurs".

Avant de démarrer sa carrière scolaire, il savait déjà lire et était en avance par rapport aux autres. Par contre, les années passées aux collèges lui parurent pesantes et ennuyeuses. Il haïssait les mathématiques et ne comprenait pas leur utilité.
Il fit en sorte toutefois d'obtenir d'assez bons bulletins, et veilla bien à ne pas arriver le premier de la classe car il haïssait la compétition et n'aimait pas se faire remarquer.

En fait, durant toute sa scolarité et plus tard ses études, tant qu'il put se retenir d'exprimer le monde des aspirations et des pressentiments tout se passa bien ; par contre dès lors qu'il montrait qu'il s'intéressait aux questions sérieuses et profondes il passait pour un vantard et un trompeur.
De fait, comme il souhaitait passer inaperçu et le plus normal possible aux yeux des autres, il comprit qu'il devait mentionner le moins possible la présence de cet "ésotérisme" en lui. Dans son ouvrage, Ma vie – on peut lire :
"Je ne voulais pas rester à l'écart du monde, ni acquérir la douteuse renommée d'être un curieux personnage" .
Il jugea les cours d'instruction religieuse qu'il recevait de son père inintéressants et incompréhensibles ; ces cours jetèrent, somme toute, un grand trouble dans son esprit, insérant pendant un temps même chez le jeune Jung une dose polluante de scepticisme et d'inquiétude. Il percevait beaucoup d'incohérences et d'aberrations déjà dans les prières qu'on lui demandait d'apprendre lorsqu'il était tout petit. Par exemple il ne comprenait pas pourquoi le seigneur Jésus portait des ailes.
Un peu plus tard, il trouva dans ses livres de philosophie un moyen d'éveil et d'investigation beaucoup plus réconfortant.

Enfin, lorsque le moment du choix de sa profession se présenta, Jung eut beaucoup de mal à se décider. La suite logique à son goût pour les livres de philosophie et d'histoire aurait été qu'il choisisse le cursus de lettres. D'un autre côté aussi, l'étude des sciences naturelles l'intéressait beaucoup. Tout compte fait, son choix se porta vers des études médicales, et plus tard il choisit de se spécialiser en psychiatrie. Spécialité qui réunissait les deux voies qu'il chérissait le plus : la biologie et les sciences de l'esprit.

Une jeunesse sous le signe du secret
La possession d'un grand secret qu'il nomma "sa grande révélation" a beaucoup marqué son enfance. Ce grand secret se manifesta tout d'abord sous la forme d'un rêve qui l'a beaucoup marqué – le rêve du dieu ithyphallique – puis vint l'épisode du petit bonhomme dans l'encrier jaunâtre qu'il fut poussé à fabriquer et à cacher dans les combles de la maison. Cet acte fut sans doute une tentative de mise en forme de son grand secret. Au départ, il ne comprenait ni ce qu'il faisait, ni ce qu'il rêvait. Ce n'est que bien plus tard qu'il put y réfléchir et comprendre qu'il s'agissait des premières formes d'expression de l'inexprimable force qui gisait dans l'inconscient et qui deviendra dans un développement ultérieur, l'impulsion créatrice.

Sur sa division intérieure
Les caractéristiques internes et fonctionnelles parallèles à l'existence de son grand secret furent très vite repérées par Jung, à savoir l'existence de deux personnalités, qu'il nomma, la personnalité numéro 1 et la personnalité numéro 2. Voici ce qu'il nous en dit :
"le jeu alterné des personnalités, numéro 1 et 2, qui a persisté tout au long de ma vie, n'ont rien de commun avec" une dissociation" au sens médical ordinaire. Au contraire, il se joue en chaque individu. Ce sont avant tout les religions qui, depuis toujours, se sont adressées au numéro 2 de l'homme, à "l'homme intérieur". Dans ma vie, c'est le numéro 2 qui a joué le rôle principal et j'ai toujours essayé de laisser libre cours à ce qui voulait venir à moi de l'intérieur. Le numéro 2 est une figure typique, mais le plus souvent la compréhension consciente ne suffit pas pour voir qu'on a cela aussi".

Dans un contexte terminologique autre, nous dirions que la personnalité numéro 1 correspond
au moi et le numéro 2 à l'âme.
Le numéro 2 fut pour Jung à la fois un refuge et une aide pour remédier à son insécurité permanente dans le vaste monde. Le numéro 2 représentait l'immuable, la sagesse, alors que le numéro 1 cumulait les défauts majeurs du moi : la soumission aux humeurs, aux émotions, aux passions, l'infantilisme, la susceptibilité, la paresse etc.

Voici d'autres extraits consacrés aux personnalités 1 & 2.
". Au fond, je savais toujours que j'étais "deux". L'un était le fils de ses parents ; celui-là allait au collège, était moins intelligent, moins attentif, moins appliqué, moins convenable et moins propre que beaucoup d'autres ; l'autre au contraire était un adulte ; il était vieux, sceptique, méfiant et loin du monde des humains. Mais il était en contact avec la nature, face à la terre, au soleil, à la lune, aux intempéries, aux créatures vivantes et surtout à la nuit, aux rêves et tout ce que "dieu" pouvait évoquer immédiatement en moi. Je place ici" dieu" entre guillemets, car la nature m'apparaissait, ainsi que moi-même, posée et différenciée par Dieu comme n'étant pas Dieu, bien que créée par lui comme expression de lui-même. Il ne m'entrait pas dans la tête que la ressemblance avec Dieu ne dût concerner que l'homme. Plus encore, il me semblait que les hautes montagnes, les rivières, les lacs, les beaux arbres, les fleurs et les animaux traduisaient bien mieux l'essence divine que les hommes avec leurs habits ridicules, leur vulgarité, leur sottise, leur vanité, leur esprit de mensonge, leur insupportable égocentrisme. Ces caractères, je ne les connaissais que trop d'après moi-même, c'est-à-dire, d'après ma personnalité numéro I, celle du collégien de 1890" ."Sans aucun doute, je n'avais pas encore vu à l'époque de différence entre les personnalités numéro 1 et numéro 2, et j'avais aussi revendiqué le monde du numéro 2 comme mon monde personnel ; pourtant il existait toujours, à l'arrière-plan, le sentiment d'une participation de quelque chose qui n'était pas moi – un peu comme si j'avais été touché par un souffle venu de l'univers astral et des espaces infinis ou comme si un esprit invisible était entré dans la chambre ; un esprit disparu depuis longtemps mais qui serait continuellement présent dans l'intemporel et jusque dans un lointain avenir. Les péripéties de ce genre étaient entourées du halo d'un numen".
Sa grande solitude
Jung était aussi un enfant très réservé, qui aimait plutôt resté seul avec ses pensées. Il connut une enfance solitaire (son unique sœur avait neuf ans de moins que lui). Cette solitude faillit même le faire basculer dans l'isolément et la rêverie dangereuse s'il n'avait pris subitement conscience qu'il était entrain de s'égarer en même temps qu'il se fuyait à lui-même. Se laisser glisser par le ravissement prolongé que lui procurait la vue des beaux trésors de la nature constituait un programme bien plus motivant que celui qui consistait à aller se confronter à la réalité.
Une fois adulte, la solitude continua de s'imposer à lui à cause cette fois de son secret : il savait des choses que les autres ne savaient pas ou bien ne voulait pas voir.
Son père
Jung s'entendait très mal avec son père sur la question du domaine religieux.
De longues discussions stériles sur ce thème eurent lieu entre eux. Son père était pasteur protestant rongé par le doute, mais qui néanmoins ne renonçait pas à débiter doctement sa foi et ses sermons. Pour Jung, son père croyait seulement à des définitions. Sur la théologie religieuse n'écrivit-il pas : "sans espoir de jamais savoir, elle exigeait que l'on crût".Contrairement à son père, au lieu de "croire" Jung se mit à "chercher" les causes de la souffrance, de l'imperfection et du mal. Et malgré sa grande curiosité qui le portait vers la réalité extérieure, très vite il eut le pressentiment que la réponse se trouvait au-dedans de lui et non au-dehors.
Ce qu'il manquait à son père, pensait Jung, c'était l'expérience immédiate de dieu. Jung savait de quoi il en retournait, mais, hélas, il échoua à le faire comprendre à son père.

D'après Jung, la débâcle religieuse de son père était à l'origine du sentiment d'inquiétude et d'insécurité face au monde qu'il ressentit tout au long de son enfance.
À ce propos, Jung fait cette remarque :
"Une révolution intérieure de ce genre, jette son ombre très longtemps à l'avance et d'autant plus longtemps que la conscience se cabre désespérément contre sa puissance. Il est compréhensible que des pressentiments aient très tôt causé de l'inquiétude à mon père et naturellement cette inquiétude m'atteignit aussi".
Sa mère
Sa mère avant toute chose lui évoquait l'esprit de la nature. D'elle, il nous a légué l'image suivante : "
Elle est comme une prêtresse dans l'antre d'un ours".Nous savons aussi qu'elle dû l'abandonner pendant plusieurs mois pour raison de santé. Elle souffrait sans doute d'une très grosse déception conjugale.
Depuis ce jour, Jung devint très méfiant à l'égard des femmes. Pourtant, plus tard dans la vie, il ne fut jamais déçu par elle.
Enfin, sa mère fut celle avec qui sa personnalité n° 2 s'accordait le mieux. Car sa mère devait avoir ces mêmes divisions en elle. Ecoutons à ce propos les paroles du fils :
"Elle était, je ne sais comment, ancrée dans un fond invisible et profond, qui ne me parut jamais être une certitude de foi chrétienne. Ce fond avait, selon mon sentiment, quelque attache avec les animaux, les arbres, les montagnes, les prairies et les cours d'eau, ce qui contrastait singulièrement avec la surface chrétienne et les manifestations conventionnelles de la foi de ma mère. Cet arrière-plan s'accordait tellement avec ma propre attitude qu'il n'en naissait nulle inquiétude ; au contraire, cette constatation me donna toujours un sentiment de sécurité ainsi que la conviction qu'il y avait là un fond solide sur lequel on pouvait s'appuyer. Et jamais l'idée ne me vint du "paganisme" de ce fondement. L'aspect numéro 2 de ma mère fut mon plus fort soutien dans les conflits qui s'amorçaient entre la tradition paternelle et les étranges formes compensatrices que mon inconscient était stimulé à créer".
Son amitié avec FreudOn a cessé d'écrire sur le différend qui opposa Carl Gustav Jung et Sigmund Freud. Jung, dans cette affaire, nous dit bien pourtant qu'il n'a jamais cherché à se dresser face à Freud en adversaire. La dissemblance de point de vue l'a tout simplement porté à faire sécession du mouvement psychanalytique auprès duquel il apporta tout son soutien de 1906 à 1913 ;
Dans l'intervalle, une amitié de travail particulière et passionnée s'établit entre les deux hommes. Jung lu à plusieurs reprises les Sciences du rêve de Freud (1899) et en saisie très rapidement la très grande portée. De plus, la théorie du refoulement qui était exposé à l'intérieur du livre fondateur de l'école freudienne venait amplement confirmer ses propres observations qu'il avait alors menées auprès de ses patients au cours notamment de ses expériences d'association.

Toutefois, l'endroit où les deux savants divergeaient profondément était celui du niveau du contenu du refoulement. Comme cause de refoulement, Freud voyait le trauma sexuel. Pour ce dernier, par exemple, le rêve était l'expression d'un désir inconscient, et ce désir inconscient était le désir sexuel même. Sa théorie sexuelle pris très rapidement une importance extrême pour cet homme. À ses yeux, tout était sexualité refoulée. Notamment, il suspectait son action en présence de la moindre expression spirituelle.
Il sauta vite aux yeux de Jung que l'attitude de Freud à l'égard de la sexualité dénotait manifestement l'existence d'une réalité numineuse. La sexualité chez cet homme agissait, selon les dires de Jung, comme un dieu caché, et masquait par là-même des facteurs inconscients religieux qui échappaient totalement à la vue du grand maître. Or on sait effectivement combien ce dernier était hanté par le surnaturel. Plus d'une fois Jung remarqua son irréligiosité.
En quelque sorte, nous dit Jung, l'image de la sexualité s'imprimait par-dessus sa numinosité - le numineux, ou l'irrationnel étant des éléments de la fonction religieuse que Jung étudia abondamment par la suite - .
Le pire dans tout ceci est que Freud voulu ériger sa théorie sexuelle comme un dogme, comme "un bastion contre le flot de la vase noire de l'occultisme" - en réalité contre la philosophie, la religion et la parapsychologie, disciplines montantes de l'époque. Le danger précisément du numineux est qu'il pousse aux extrêmes. Jung ressentait bien la posture extrême de Freud à l'égard de ses idées. De plus, le fait de considérer une seule moitié de l'inconscient, ainsi que le fit Freud, provoqua automatiquement la création de réactions dans l'inconscient, des réactions qui ont pris chez Freud les habits de la démesure, de l'obsession et de la monotonie d'interprétation.

Freud est semble-t-il resté aveugle à l'égard de l'influence qu'exerçait sa propre psychologie personnelle dans l'élaboration de sa théorie sexuelle. Il n'a point vu qu'en élaborant son système conceptuel il déroulait, en fait, le contenu de ses bases personnelles. À l'évidence, la typologie psychologique de Freud se rencontre beaucoup dans la société, d'où la raison pour laquelle on a pu constater abondamment le caractère opératif de ladite théorie sur le terrain. Mais l'endroit où Jung ne pouvait plus le suivre est qu'il désirait poser ses recherches comme une vérité scientifique.

Il est clair que la démarche de Freud vers l'étude de l'aspect uniquement extérieur et biologique – la sexualité - du phénomène numineux offrait à ses travaux l'assurance d'être perçus totalement irrévocables scientifiquement. Par contre, la réelle mise en lumière des profondeurs de l'homme se voyait amputée entre autre du sentiment religieux qui occupe pourtant une place prépondérante dans la vie de la psyché humaine. Dans les faits, l'approche de Freud s'est réduite à une étude biologique, alors que fondamentalement elle devait son existence au phénomène religieux.

À la différence de Freud, l'approche de Jung permettait de prendre en compte un maximum de dieux - en ce sens que la libido, pour Jung désignaient toutes les forces actives de l'âme -. Pour cette raison, il ne pouvait prendre position en faveur d'une théorie qui n'en percevait qu'un voire deux maximums, et dont l'instigateur surtout ne pouvait notablement comprendre l'expérience religieuse.



A suivre...

13 avril 2006

La psychanalyse : un cas à part

Nu-au-Manequin-Paul-Delvaux"La Psychanalyse est à réinventer avec chaque patient" C.G.Jung

La psychanalyse, comme nous allons le voir, est la branche de la psychologie qui accorde le plus d'importance à l'existence de l'âme profonde dans l'inconscient. La psychanalyse est avant tout la science de l'auto-analyse et de l'auto-examen que l'on nomme également l'introspection. En ce sens qu'elle propose une méthode d'investigation de la vie psychique complète et profonde. Elle est également une théorie de la vie psychique. Sigmund Freud, son fondateur a appelé "métapsychologie" la partie théorique de sa psychologie. Sa méthode d'analyse, quant à elle, est généralement appelée la cure analytique, ou encore l'analyse personnelle. Enfin, le dernier champ d'investigation que la psychanalyse a investi est celui de la thérapeutique ; Freud s'est en effet attaché à suivre et à tenter de guérir tout particulièrement les cas de névrose et de psychose. Nous en donnerons la définition un peu plus bas.
Par ailleurs, la psychanalyse est la seule discipline qui a su apporter dans le domaine de la psychologie de la personnalité, de la psychopathologie et de la psychiatrie une grille de lecture globale du fonctionnement psychique humain. Freud a proposé ainsi une description de l'appareil psychique de l'homme en considérant différents niveaux ; le niveau structural, dynamique, économique et génétique. Pourtant la théorie freudienne reste largement critiquée et controversée. Les médias les plus pessimistes vont même jusqu'à évoquer le déclin de la psychanalyse. On lui reproche différentes choses : son manque de rigueur scientifique, le fait de s'appuyer uniquement sur des études de cas, on lui reproche également l'inefficacité de la cure, son aversion affichée de la femme, son pansexualisme (c'est-à-dire le fait de tout ramener à la sexualité)…

Des vérités dérangeantes
Sans même trancher sur la question du bienfondé ou pas de la théorie freudienne, ne devons-nous pas avant toute chose voir dans les multiples réactions de rejet qu'elle suscite, l'expression des défenses de l'homme que la psychanalyse a justement elle-même contribué à identifier ainsi qu'à expliquer clairement ? Car, inutile de tourner en rond, la psychanalyse fait montre du fier toupet de parler de vérités fort dérangeantes sur la question du fonctionnement profond de l'homme. Freud n'est-il pas le premier savant à avoir reconnu et à avoir porté à la connaissance de toute la planète la réalité de l'existence de conflits et de tension cachées siégeant à l'intérieur de l'homme ? Conflits, selon-lui, repérables principalement grâce à l'interprétation des rêves.
Citons par exemple le conflit entre le conscient et l'inconscient, la volonté et la contre-volonté, le conflit entre le moi et le ça, entre le surmoi et le ça, (nous verrons ces concepts dans le prochain billet), le conflit entre des sentiments et désirs opposés refoulés -éros et thanatos- gîtant aussi tout au fond de l'inconscient, le conflit entre le réel et l'imaginaire etc.

Les conflits selon Freud seraient à la fois pathogènes et "rédempteurs".
Pathogène parce qu'ils créent des troubles divers psychiques et physiques ; rédempteur parce que la présence de conflits sont aussi l'indication qu'il y a quelque chose dans la psyché qui est entrain de bouger, autrement dit "de passer à une autre forme" - qui est le sens littéral du mot "trans-former" -. Sans la présence de forces antagonistes, autrement dit, sans tension, ce serait la fin de la vie. L'énergie est mouvement et est toujours issue d'une tension. Il en va de même chez l'homme ; la vie a besoin de tensions pour pouvoir produire de l'énergie, et donc pour pouvoir avancer dans la vie, nous avons également besoin de ces tensions, le tout étant qu'elles ne soient ni trop fortes, ni trop faibles.

En simplifiant volontairement beaucoup, nous dirons qu'il existe deux grandes classes de conflits psychiques constatables chez l'homme : la névrose et la psychose :
Le névrosé est en conflit avec la réalité, il en souffre et négocie plus ou moins difficilement avec elle.
Le psychotique, lui rejette totalement la réalité. Il ne la voit plus et lui substitue autre chose à la place - cela peut-être des hallucinations par exemple -


Sur la souffrance
Le conflit majeur que vise à traquer la psychanalyse est donc celui qu'entretient chaque individu avec la réalité. L'homme est ainsi fait, qu'à moins d'avoir beaucoup grandi, il a du mal à accepter, ou à composer avec la réalité extérieure toujours en mouvement. Et d'ailleurs pour éviter d'avoir à faire cet effort, l'homme dispose de plein de mécanismes psychiques : refoulement, défenses, déplacement, transposition… pour pouvoir maintenir la réalité dérangeante loin de lui, préférant la plupart du temps lui substituer l'imaginaire ou des croyances.
La psychanalyse donc, vise en premier lieu à rétablir la personne dans sa vérité essentielle. Elle accompagne celui qui consulte dans sa croissance ; elle l'aide à trouver sa propre vérité inscrite dans la réalité véritable. La psychanalyse ne va pas découvrir pour vous votre réalité psychique propre mais elle va vous aider à la trouver vous-même et en vous-même.

Il est important de réaliser que toutes les maladies de l'âme sont dues majoritairement à des résistances et aux défenses que nous opposons au changement et à notre transformation naturelle. Car l'homme est ainsi bâti qu'il voudrait toute sa vie durant aimer et être aimé comme il l'entend ou comme ses parents lui ont fait entendre, c'est-à-dire, de préférence sans souffrance ; cela renvoie bien évidemment à la quête des retrouvailles avec le paradis perdu. Cependant, en voulant éviter une souffrance, l'homme qui résiste s'en crée une deuxième encore plus lourde à porter. Une souffrance qui est souvent dû au fait que nous avons perdu le chemin de notre âme... Prenons le cas d'une personne qui aurait développé un peu trop son pôle imaginaire ou narcissique ; La personnalité cesserait vite alors de se développer ; la personne resterait enlisée dans un état inconscient ; l'énergie étant bloquée, la souffrance de l'âme se ferait vite ressentir, en général, par le biais du corps. C'est ainsi que des troubles psychosomatiques peuvent fréquemment survenir car ce que la psyché ne peut traiter, elle demande en général au corps de s'en occuper. Voici un passage de l'ouvrage de Daniel Beresniak, "Comprendre la psychanalyse" :
Ce que l'esprit refuse, le corps doit l'assumer. Ce qui est refoulé ne peut plus s'adresser à l'esprit, mais "parle" au corps. Le corps réagit à un message refoulé au moyen de contractions, de vomissements, de paralysie, d'ulcères ou de bien d'autres troubles. Ce sont ces maladies que l'on nomme "psychosomatiques" parce que les problèmes psychiques, rejetés consciemment, sont pris en compte inconsciemment par le "soma", le corps. Le corps se substitue à l'esprit dans le traitement de l'émotion.

Réalité quand tu nous tiens
On ne peut guère négocier, ni tricher avec la réalité. Si d'aventure, nous nous risquions à le faire, un jour ou l'autre, il nous faudrait le payer très cher.
Cela me rappelle un mythe, le mythe de Lilith. Lilith est dans la tradition hébraïque, la première femme d'Adam, modelée, elle aussi avec la glaise du sol. Mais ce dernier, ne souhaite pas voir cette égalité de traitement consentie par le tout puissant potier créateur. Très vite, leur querelle s'amplifie : Adam se refusant à transiger avec son désir de supériorité et de pouvoir sur Lilith. Celle-ci décide alors de partir, de quitter le jardin d'Eden dans lequel, elle et Adam avaient été déposés. En clair, elle ne se soumet pas, malgré l'intervention de trois Archanges délégués tout spécialement pour tenter de la convaincre de rester auprès d'Adam. Le pire de l'affaire, c'est qu'Adam en refusant de se soumettre, lui aussi, mais à la réalité, a provoqué la venue d'un mal terrible. Puisque le mythe s'achève de la façon suivante : Eve, qui finalement devint la femme docile et consentante, parfaite et conforme aux souhaits d'Adam, aurait conçu son fils Caïn avec le fameux serpent qui fut envoyé secrètement par Lilith. Caïn, je le rappelle, est le premier fils d'Adam et Eve. Celui-ci assassina son frère Abel nous dit la Bible. En somme, le mythe fait ressortir l'idée suivante : Adam, sans même s'en rendre compte, en refusant de voir les choses comme elles sont fit naître sur la terre la plus cruelle des sauvageries de l'homme : la pulsion de meurtre.

L'aide du monde réel ou l'aide de "Dieu" ?
Il est temps que nous cessions de séparer ces deux mondes. Je crois personnellement, et la psychanalyse nous aide à prendre conscience de cela, que plus nous fermerons les yeux sur la vie réelle, plus nous nous couperons d'informations et de repères de la plus haute importance pour l'évolution de nos possibilités psychologiques. Avec le temps, j'ai appris que si nous zoomons un peu plus souvent le monde réel, celui-ci nous révélera des trésors de sens caché merveilleux ! Des portions du monde réel deviennent alors ce que l'on nomme parfois, guide, ange, dieu ; bref le monde contient en son sein, mille et un signaux et codes précieux, nommés parfois "la providence". Le réel, enfin, si nous l'aimions un peu plus, nous nous ressentirions bien moins perdu sur notre chemin. Et de fait nous renoncerions bien plus facilement à nos illusions. Nous ne savons pas voir tant que nous n'avons pas quitté nos croyances imaginaires et/ou idéologiques. Voilà pourquoi il est utile de s'auto analyser ; au moyen d'une psychanalyse, ou bien au moyen de tout autre méthode tout autant sérieuse.
Rien ne vaut mieux qu'un bon petit conte spirituel pour clore l"illutration de mon propos :



L'aide de Dieu

"Une inondation ravage le pays. Un homme s'est réfugié au premier étage de sa maison, qui est entourée par les eaux. D'autres hommes, dans une pirogue, s'approchent et proposent de l'emmener.
Il refuse en disant :
"Non, je fais confiance à Dieu ! Il ne permettra pas que les eaux emportent ma maison ! Allez-vous-en !

Les sauveurs s'en vont. Les eaux montent encore, si bien que l'homme se réfugie sur le toit de sa maison. Un hélicoptère s'approche alors, un cable est envoyé, des hommes font signe à l'isolé de saisir ce câble, de se laisser tracter.

Il refuse.

"Non, dit-il. Jamais ! Je fais toute confiance à Dieu ! Il ne permettra pas que mes prières soient vaines !"

L'hélicoptère s'en va.

L'eau monte encore, la maison est recouverte, l'homme est emporté et noyé.

Le voici en présence de Dieu à qui il dit, très amer :

"Mais comment as-tu pu permettre que ma maison soit détruite et que je perde la vie ? Moi qui te priais sans cesse ! Comment est-il possible que tu ne sois pas venu à mon secours ?

Qu'est-ce que tu racontes ?, lui dit alors Dieu. Je t'ai envoyé deux barques et un hélicoptère !".


Version moderne d'un conte traditionnel africain
présenté in "le Monde des religions" N°10.




Voilà ce que nous apprend la psychanalyse : le monde réel, l'autre et les autres représentent un enfer seulement si nous résistons trop au changement, autrement dit tant que nous ne renonçons pas à nos illusions et à nos attentes seulement narcissiques.

Je pense donc je ne suis pas
Il y a une dernière vérité fort dérangeante qui fut introduite par Freud, dont j'aimerais vous parler et qui ne relève non pas directement d'un conflit mais d'une connaissance insuffisante de soi : la psychanalyse nous apprend que le moi –ou celui qui dit "je" - n'est pas le seul maître à bord de la psyché humaine. C'est pourquoi d'ailleurs on a l'habitude, dans les manuels, de voir associé, le nom de Freud à celui de Nicolas Copernic, le célèbre astronome polonais qui révolutionna l'histoire de la connaissance du monde en affirmant que l'homme –entendre la terre donc - n'était point au centre de l'univers. Par son système héliocentrique, dans lequel la terre et toutes les autres planètes tournent autour du soleil, Copernic balaya définitivement la vision médiévale dans laquelle les hommes d'autrefois étaient restés enfermés. De même Freud en élaborant sa psychanalyse bouscula fortement les idées très ancrées dans les esprits depuis le cartésianisme sur le principe du dualisme légendaire qui sépare la raison pensante du corps comme perception de l'âme. Depuis Descartes, nous croyons tous que nous sommes seulement ce que nous pensons, ou ce que notre seule raison nous dicte que nous devons être. Or en introduisant la réalité de l'existence d'un inconscient s'exprimant à travers le corps, Freud se mit en quête de tordre le coup à la croyance en la primauté du moi, ou du "je" qui pense.

Cependant, les hommes se figurent trop souvent encore qu'ils sont tout ce qu'ils savent sur eux-mêmes ; et se sentent par là-même dispenser d'aller voir ce qui se passe du côté de la psychanalyse, médecine de l'âme, s'il en est, et discipline donc, à part et très mal comprise de la part des psychologues de laboratoire. Pourtant si ceux qui se sentaient dispensés de faire cette démarche la faisaient quand même, ils réaliseraient vite combien aller chercher la connaissance hors de soi- c'est ce que nous faisons tous au départ, la communauté scientifique à fortiori- revient inconsciemment à aller chercher la connaissance vers ce qui est en soi. Ces deux notions, l'intérieur et l"extérieur sont, hélas, trop souvent dissociées encore ; la santé, comme le rappelle aussi le psychanalyse Daniel Beresniak consiste à réunir ce qui est épars. Qu'attendons-nous pour commencer ?


à suivre...


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31 mars 2006

Où en est la psychologie ?

François Gérard, Psyché et AmourÀ l'origine la psychologie est la connaissance de l'âme. Dans "psychologie" nous entendons bien le mot psyché qui en grec veut dire âme. Dans la mythologie grecque Psyché désignait une jeune princesse immensément belle qui après avoir rencontré l'amour (l'Eros) connut mille tourments et mille épreuves. A la fin du mythe, Zeus l'élève au rang de déesse immortelle.
Les philosophes ont fait de psyché un symbole de l'âme, "principe de vie et de spiritualité qui anime les humains et les être vivants"
En langage moderne, le mot psyché sert à désigner le psychisme, ou l'esprit.
Par exemple pour le père de la psychologie américaine, William James, la psychologie est "la science de l'esprit", ou la connaissance du psychisme, par contraste avec les "sciences de la matière" comme le sont la physique, la chimie etc.

Curieusement, de nos jours, le vocable âme a totalement disparu des ouvrages connus traitant de la science du psychisme. Le mot âme renvoie, certes, à un concept fort mystérieux ; l'âme étant quelque chose de difficile à saisir, mais précisément, dès lors que l'on s'intéresse au psychisme humain ne devrions-nous pas nous attendre à être confronté à l'énigme mystérieuse de l'âme ?
Dans les laboratoires de recherches en psychologie, les explorateurs de la psyché continuent pourtant à rester sourds à ce discours puisque tout leur travail porte très strictement sur l'étude des activités et conduites humaines observables ainsi que sur les processus mentaux qui les sous-tendent éventuellement.

À l'évidence, les chercheurs académiques tournent leur regard vers ce qui rassure, c'est-à-dire vers du contenu connu, vers de l'explicable, vers des faits démontrables. Ainsi qu'aimait à le souligner Jung, le monde scientifique souffre du très ancien misonéisme c'est-à-dire de la peur de ce qui est nouveau et inconnu.

La Psychologie moderne est-elle la science de l'homme ?
Dès lors, une question s'impose à nous ; comment la psychologie et ces nombreux domaines disciplinaires peuvent-ils à eux seuls répondre à la question cruciale qui justifie tous ses efforts à savoir : qu'est-ce que l'homme ?
Est-ce qu'une discipline débarrassée de l'énigme de l'âme peut véritablement apporter une réponse complète à cette question ?
Est-ce que le recours principalement à la construction de modèles et de théories pertinents et "qui marchent" garantie que nous sommes bien entrain de décrire l'identité réelle du sujet humain ?
Personnellement, c'est la première question qui m'est venue lorsque j'ai démarré mes cours de psychologie. Comment la psychologie peut-elle atteindre son but alors même que tout le mystérieux et l'énigmatique du psychisme humain semblent oubliés ?

Eh bien la psychologie contemporaine répond par l'affirmative et nous démontre même tous les jours que cela est possible, sauf qu'elle oublie la plupart du temps de mentionner que les réponses apportées et accumulées concernent essentiellement l'homme normalisé, ou idéologisé." Autrement dit la psychologie participe à la construction d'une image de l'homme qui est caractéristique d'une société donnée et d'un moment donné de l'histoire de cette société" - Voir l'ouvrage : Introduction à la psychologie – Histoires et Méthodes – Françoise Parot et Marc Richelle – (Puf 1992). Sous cet éclairage, on peut raisonnablement penser que la psychologie parvient à répondre à la question que nous nous posons en délaissant la profondeur au profit de la normalité sociale.

D'un autre côté, comment lui en tenir rigueur, puisque tout est fait – au moment de dresser, par exemple, le plan d'expérience - pour que ne soit rendu observable seul l'aspect visible des objets vivants étudiés ?

Soyons clairs, je ne rejette nullement au rang des accessoires périmés les travaux que réalise la psychologie traditionnelle, disons simplement que les modèles froids et cartésiens que propose la psychologie académique ne me paraissent pas constituer une voie d'explication suffisante au fonctionnement du psychisme humain. Les approches actuelles me semblent trop parcellaires. Et cela malgré le pluralisme de vues qui tend à se généraliser depuis que la psychologie est entrée dans l'enceinte bien gardée du domaine scientifique. Il manque à mes yeux, tout du moins dans les textes – la pratique étant un cas à part que je traiterai un peu plus loin - les interrogations sur la nature de l'âme qui furent présentes depuis que l'homme existe, et qui continueront indéfiniment, je pense, à resurgir du fond du temps.

De plus une attitude de rejet serait vraiment malvenue, car nous savons tous que pour chaque objet étudié, dans un premier temps, la collecte minutieuse des faits observés s'avère indispensable. Dans un second temps clarifier et classer les données et les savoirs, les nommer, leur donner une forme conceptuelle, les insérer dans un cadre théorique entraînent l'esprit à se structurer lui-même, ainsi qu'à structurer le monde qui nous est mis devant les yeux.
Ce travail sert également à maintenir éloigné de soi le désordre et le chaos qui s'installeraient si jamais la pensée n'exerçait plus son rôle d'ordonnatrice des idées.

Il nous faut également relativiser nos craintes à l'égard de l'état actuel des recherches en psychologie, compte tenu du fait que tout travail scientifique consiste à poser des hypothèses vérifiables provisoirement. En effet les recherches scientifiques fixent pour un temps seulement les connaissances ; à savoir par exemple que si l'hypothèse posée n'est pas corroborée par des observations, ou dès qu'une théorie n'est plus valable on en change aussitôt. Dans le cas contraire, si l'observation corrobore bien l'hypothèse, jamais on ne pourra parler de preuve définitive. Il est maintenant admis que "la science n'a pas à dire des vérités, elle n'a qu'à énoncer des lois qui marchent".
Cela étant, et puisque la science sait qu'elle ne détient pas la vérité absolue, prions - mieux, œuvrons, pour que les chances de voir un jour l'étude de l'âme prise au sérieux par le milieu scientifique ne soient pas nulles. Il me semble justement que C.G. Jung a profondément travaillé pour faire rentrer la connaissance de l'âme dans le domaine scientifique. Voici ce qu'écrivit Etienne Perrot à ce propos : " Jung n'est pas seulement un psychiatre rival de Freud ou son continuateur. Il est avant tout le témoin d'une réalisation intérieure dont sa méthode psychologique et son œuvre sont les fruits. Cette aventure fait rentrer dans le domaine scientifique l'antique quête du Graal et l'audacieuse descente aux enfers de Faust".

La psychologie comme science de la pensée
Etant donné la complexité de l'objet propre à la psychologie, il n'est pas étonnant de constater que celle-ci ne cesse de s'enrichir de nouveaux cadres théoriques. Elle bénéficie d'un éclectisme qui favorise même grandement la confrontation critique, ce qui somme toute, présente l'avantage de couper court à tout risque d'endoctrinement et de sectarisme.

Comme toute grande discipline scientifique, la psychologie s'est subdivisée en différents domaines spécialisés. Par ailleurs, bien que la discipline présente des contours assez bien définis, et un titre reconnu par la loi, elle est loin, très loin de pouvoir offrir une base théorique commune. On devine, certes, assez facilement que son domaine d'exploration privilégié est la pensée. Ou comme on dit en langage moderne "la cognition". En conséquence de quoi, la psychologie, à se jour, n'est pas la science de l'âme, que nous pensions qu'elle deviendrait, vu son passé philosophique que nous évoquerons dans un autre billet, mais elle est la science de la pensée.
L'avenir ouvert et libérateur de la psychologie réside sans doute dans la réunion ou synthèse des deux, mais encore faut-il venir enrichir la branche psychologique de l'âme par des matériaux cohérents, fédérateurs et validés par des personnes disposant des connaissances et des moyens nécessaires. Je considère, Jung, comme étant le précurseur et fondateur de la branche âme de la psychologie. Nous verrons aussi que la psychologie clinique (parente pauvre de l'université) opère également des investigations dans cette même direction mais semble manquer quelque peu d'autonomie tout du moins dans les textes. (Je veux dire par là que l'on ressent dans le corps de son savoir encore beaucoup le poids des théories et des modèles dominants)

Un domaine riche mais éclaté
Si, d'aventure, vous vous décidiez en néophyte à brosser un panorama des domaines et des sous domaines disciplinaires de la psychologie, je suis certaine que vous vous sentiriez vite perdu voire découragé par les ramifications nombreuses et variées qu'il vous faudra débrouiller. C'est pourquoi je vous propose, ci-dessous, le visuel de la carte descriptive présentée par Alain Lieury, professeur en psychologie de l'université de Rennes-I qui rend beaucoup plus claire et représentable le grand continent de recherches en psychologie ; un continent de recherches, je rajouterais simplement, qui délaisse, hélas, un peu trop le thème de la quête du sens et du centre en l'homme.

Que nous montre le visuel ?

domaine de la psychologie


Les différents champs d'étude et d'application de la psychologie semblent s'ordonner autour de deux grands axes :

- L'axe normal/pathologique
- L'axe biologique/social

Au nord de la carte est placé la catégorie "normal" ; elle concerne l'étude des mécanismes généraux communs à tous les être vivants : comme la perception, la mémoire, le langage, l'intelligence. Un grand nombre de ces thèmes se trouvent réunis autour de la branche appelée, la psychologie générale.

Entre la catégorie normal et biologique, on trouve le secteur fondamental de la psychologie de l'enfant qui a notamment donné lieu à une œuvre monumentale - celle de Lev. S. Vygotsky et de Jean Piaget pour ne citer qu'eux.
À l'intersection entre le normal et le biologique se tient également la psychologie de laboratoire dite la psychologie animale ; très proche d'elle se trouve l'étude du comportement animal en milieu naturel que l'on nomme l'éthologie et qui comptabilise la célèbre étude sur les oies cendrées qui fut proposées par Konrad Lorenz...

Au Sud de la carte, s'inscrit le pathologique. Il concerne les maladies et les troubles psychologiques. La psychopathologie étant la branche la plus forte de la psychologie ; elle plonge ses racines dans la tradition psychiatrique.
Classée dans le pathologique, l'on trouve également la présence de la psychologie clinique qui représente surtout une profession. Et c'est précisément à l'intérieur de cette zone que sont classées les psychothérapies de forme très variée et dont la demande est en constante augmentation.
Je traiterai du cas à part que constitue la psychanalyse situé également dans cette zone, dans le prochain billet.
Quant à la psychologie de la santé, elle constitue un nouveau domaine qui réunit médecins et psychologues.

Au pôle Est de la carte s'étend tout le biologique que recouvre l'immense domaine des neurosciences. Ce sont les sciences du cerveau qui tente d'expliquer le comportement animal et humain par l'étude et l'analyse des centres cérébraux et de leurs mécanismes physiologiques et physico-chimiques. Le succès croissant que rencontre cette branche s'explique en partie par le fait que généralement, en matière d'étude de l'homme, on considère comme vraiment scientifique les seules approches "biologisés". Autrement dit les thèses étayées par les substrats biologiques paraissent toujours plus fiables et crédibles. Pour moi, cette attitude relève d'une croyance issue du patrimoine des idéologies régnantes occidentales...
Enfin toujours dans la zone Est, on trouve la pharmacologie, sous-discipline des neurosciences dont l'essor serait lié à la découverte des neurotransmetteurs.

À l'Ouest est placé le social.
Les conduites humaines possèdent bien évidemment une base sociale ; le groupe est nécessaire à la vie de l'homme. Alain Lieury précise que presque toutes les psychologies comportent une dimension sociale : la perception, la personnalité, le langage, l'intelligence, l'identité etc.

Et enfin, à l'intersection du social et du normal, ce sont développés plusieurs secteurs intermédiaires parmi lesquels se font le plus remarquer : la psychologie du travail et sa sous branche l'ergonomie ; on compte également au rang des plus remarqués la psychologie de l'éducation dont les travaux sur la lecture, l'apprentissage, la mémoire et la perception visuelle, sont en plein essor.

La pratique : un cas à part
La situation de la psychologie n'est pas la même, selon que l'on regarde le domaine professionnelle ou le domaine de l'enseignement et de la recherche. En effet, sur le terrain on constate des organisations professionnelles qui travaillent avec efficacité et coordination, toujours à la pointe des innovations les plus récentes en matière de pratiques, toujours soucieuses d'écouter et de soigner "l'âme" des patients, lesquels sont de plus en plus nombreux à consulter. Par contre, le champ scientifique apparaît lui beaucoup plus écartelé et inquiet de préserver son automatie et sa spécificité tant dans le domaine des outils théoriques que méthodologiques. Il se pourrait bien – selon les prévisions faites par Annick Weil-barais dans un article paru dans le hors Série Sciences Humaines, n° 19 - que la psychologie abandonne un jour son autonomie scientifique pour devenir "une discipline-outil" voire "prestataire de service" plus adaptée, toujours est-il, aux disciplines mieux instituées. Il est important de réaliser une chose essentielle ; les pères fondateurs de la psychologie scientifiques qui ont trouvé à l'origine leur modèle du côté des sciences physiques sont loin de faire l'unanimité. Les psychologues de terrain préfèrent, eux de loin, piocher en priorité dans les paradigmes qui répondront le mieux aux demandes psychologiques qui se présentent à eux.

L'évolution de la demande psychologique sur le terrain a permis à la psychologie d'étendre son champ d'investigation. Les nouveaux problèmes nés à la suite des changements profonds survenus dans notre société comme – la fragilisation des liens sociaux (du mariage au contrat de travail), le mal être plus grands dans nos sociétés, la crise du milieu de vie qui tend désormais à se prolonger durant l'âge adulte- ont conduit le champ professionnel de la psychologie à donner encore plus d'essor aux méthodes de développement personnel ainsi qu'aux psychothérapies centrées sur l'accomplissement de soi. (lire Sciences Humaines n° 167).

On reproche souvent à la psychologie de ne pas être une discipline suffisamment unifiée. Mais ne peut-on pas trouver à l' étendue vaste et variée des domaines couverts par la psychologie une raison suffisante d'exister, dans le fait qu'elle peut ainsi satisfaire pleinement aux exigences d'adaptation que réclame la demande psychologique sur le terrain ?

Reste que par delà l'avis des mécontents, je me demande si ce n'est pas le développement croissant de la psychologie comme champ professionnel qui emmènera inévitablement, un jour, la discipline à prendre en compte de manière un peu plus systématique la réalité de la psyché dite l'âme, et non pas seulement la pensée. Car c'est dans les rencontres humaines réelles que l'on est poussé à s'interroger sur les mystères de la psyché inconsciente et du processus de la conscience qui naît toujours d'elle. Je développerai bien sûr, toutes ces notions dans les prochains billets. Sur la psyché inconsciente, nous savons déjà depuis Jung, qu'elle fait partie de la nature, et que son énigme est nécessairement dépourvue de limite. Elle est hautement complexe, imprévisible, toujours unique, elle poursuit toujours un but difficile à saisir, et son plus haut développement conduit au Soi.

De fait, comment peut-on modéliser, ou faire rentrer dans une seule théorie, à l'image, si vous voulez, de l'Univers et ses étoiles qu'explorent nos astrophysiciens, du mystérieux, de l'infini, de l'invisible...

A par cela, ce qui a été dit au dessus, explique en partie pourquoi le décalage de discours perçu entre le champ professionnel de la psychologie qui se pratique sur le terrain, et le champ scientifique de la psychologie qui se pense dans les laboratoires n'est pas prêt de disparaître !

À suivre…


Dans le prochain billet, je traiterai du cas à part de la psychanalyse, suivi de l'histoire des idées psychologiques, puis de celle de l'inconscient.




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03 mars 2006

Pourquoi s'intéresser à la vie de l'Inconscient ?

Ce premier billet aborde les présupposés de base permettant de comprendre la vie de l'inconscient sous l'angle de vue amené par Carl Gustav Jung. En sorte que les prochains billets ou dossiers qui suivront et que je posterai sur ce blog assigneront une place princière à l'œuvre de Carl Gustav Jung. Il est, semble-t-il, l'un des rares savants à avoir su montrer avec évidence et même avec une rigueur scientifique toute particulière, combien l'activité religieuse et l'activité psychique dans l'homme se situaient sur la même ligne. On sait de plus que l'ensemble de son travail qui a consisté surtout à mettre en lumière les processus intérieurs dans l'homme reposait essentiellement sur des observations libres et concrètes. Et bien qu'on l'ait traité injustement, je pense, de mystique, ses écrits n'ont jamais pris l'allure d'une quelconque profession de foi, non plus d'affirmations métaphysiques et ni même d'énoncés dogmatiques. Toute son œuvre mobilise chez le lecteur, certes, beaucoup le cœur mais sans jamais y plaquer ni leurre, ni illusion. Ingrédients, hélas, systématiques ou que l'on est habitué à retrouver dès lors que la question religieuse est envisagée.
Je perçois personnellement son travail comme une œuvre de vérité toute intérieure et toute entière qui se dévoile, se déroule et se dit dans une très grande clarté de langage et justesse de vue.

Pour ma part, par exemple, l'émotion toujours présente et vive que j'aime à retrouver dans chacun de ses livres m'apporte toujours une grande joie au cœur ainsi qu'un sentiment heureux et toujours renouvelé de reconnaissance et résonance intérieure supérieure à tout ce que j'ai déjà pu ressentir. Une des raisons et non des moindres à cela est que cet auteur a largement contribué à me faire prendre très au sérieux l'existence en moi-même d'une réalité intérieure "palpable" si je puis dire, dotées quoiqu'il en soit de ses codes, alertes, et tourments terrestres parfois aussi.


Examinons un instant et en guise de mise en bouche le problème religieux qu'il m'intéressera d'aborder dans mes petits billets que je distillerai au fil du temps dans ce lieu.

Alberto Martini - le paradis -Il y a, disons-le clairement, un lien évident entre ce que l'on nomme dieu, le monde des cieux ou de l'au-delà, et l'inconscient. Partant, cela suggère que le monde d'en haut n'exclut pas le monde d'en bas. Pour celles et ceux qui ont lus un tant soit peu la psychanalyse freudienne, il est plus facile de souscrire à cette idée. Sachant que pour Freud l'inconscient représente résolument le réservoir de la vase noire humaine. Par contre pour les freudiens qui ont intégré et retenu tout particulièrement la dialectique freudienne du ça et du Surmoi, et notamment qui ont projeté tout leur idéal sur l'existence d'un monde d'en haut seulement meilleur auront beaucoup plus de mal à admettre ladite proposition.
À vrai dire, et sans rentrer volontairement trop dans les détails pour l'instant, ni l'une ni l'autre de ses deux conceptions ne me semblent fausses, je les trouve, prises isolément, tout simplement incomplètes...
À mes yeux, une comparaison entre le monde de l'au-delà et l'inconscient existe bien ; je conçois cette proposition comme juste car je considère les représentations du monde de l'au-delà comme étant une des figurations possibles du monde de l'inconscient, ou l'inconscient lui-même.

Mais alors, si le monde de l'au-delà en lui-même n'existe pas vraiment si ce n'est seulement en soi, qu'est-ce que l'inconscient ? L'inconscient selon moi, et ainsi il en va de l'inconscient jungien, représente toutes les données de la vie qu'il ne nous est pas encore donné de connaître , soit parce qu'elles demeurent encore inaccessibles à notre état de conscience soit parce qu'elles ne parviennent pas à accéder directement à la conscience pour tout un tas de raisons que je détaillerai plus tard. Par contre, l'inconscient n'est jamais entièrement opaque puisque nous pouvons en connaître plein de petits bouts grâce à la production de symboles, symptômes, rêves, fantaisies…Les symboles religieux par exemple révèlent ou sont le reflet de nombreuses portions dominantes de l'espace psychique des individus. À ce titre, il est intéressant de noter que l'homme primitif s'est mis très tôt à manifester le besoin d'exprimer des croyances et des pratiques religieuses - autrement dit de projeter au dehors de lui des portions puissantes de sa psyché - alors même que l'acquisition de la pensée consciente n'existait point encore chez lui.
Si l'inconscient traite des données ou facteurs de la vie non encore connus - à bien distinguer du "tu" - le connu lui demeure concentré dans la personnalité consciente ou le moi. Evidemment une masse importante des objets connaissables par la pensée dirigée reste susceptible d'être découverte par le moi. Mais, il s'agit dans ce cas précis de connaissance intellectuelle et non pas de connaissance immédiate et intuitive qui relève, elle, de la manifestation de l'inconscient. Par ces explications on est donc conduit à mieux comprendre pourquoi l'intuition n'a pas vraiment les coudées franches dans l'univers du moi. En fait, notre capacité intuitive fonctionne bien mieux lorsque nous permettons à notre inconscient d'exister, non pas à notre insu mais avec discernement et abandon.
Ecoutons cette phrase de Jung qui résume parfaitement cet aspect de l'inconscient : "l'inconscient c'est la nature qui ne trompe jamais ; nous seuls nous nous trompons".


En d'autres termes cela revient à dire que la connaissance réside à l'intérieur de soi et qu'elle peut se mettre à couler librement à condition de posséder un robinet en trés bon état.
Le robinet intact, c'est uniquement une très grande confiance en soi-même qui peut nous l' apporter. La tâche est rude en effet, car aussi, avant de pouvoir laisser s'exprimer librement ce que "l'on sait déjà", on doit se débarrasser des vieilles peaux mortes du passé qui encombrent beaucoup le passage à une connaissance véritablement vivante en soi.
Sans ce "nettoyage" des vieilles peaux, se mettre à faire confiance à ce que l'on ressent, aux mouvements - surtout lorsqu'ils sont incessants - du cœur, ne résout rien. On peut toujours, me direz-vous, suivre - et c'est l'option choisie par bon nombre d'individus - la voie de la raison qui permet d'éviter pas mal d'écueils, il est vrai.
D'un autre côté, il est vrai aussi que plus nous repousserons cette connaissance intérieure en gestation, plus nous serons névrosés et malades donc. C'est pourquoi, seule la confrontation avec son inconscient permettra de résoudre ces différents conflits.

Il n'y a pas que des contenus morts dans l'inconscient
. Ce constat découlant d'observations extrêmement empiriques se trouve un peu partout répandu dans l'œuvre de Jung. Le pouvoir de la vie opère dans l'inconscient ; tout semble avoir été prévu de même que nous avons l'habitude de dire que la nature a tout prévu.
Il y a quelque chose à l'intérieur de l'homme qui est prévu pour nous faire aller vers notre libération et réalisation ou individuation. Se ressentir heureux et en harmonie avec son soi et le grand soi de l'univers, n'est-pas cela aussi le bonheur ? Jung a fait trés sérieusement l'inventaire des forces qui dorment dans les profondeurs de l'inconscient . Je pense à la pulsion de guérison par exemple. Tout traitement psychothérapeutique qui se respecte devrait emmener précisément chaque patient à trouver à l'intérieur de lui-même cette pulsion salvatrice.
Jouons ainsi donc au vrai Jeu de la vie, et non pas au jeu du chat et de la souris avec la vie. Grâce en partie au grand tout vivant auquel nous appartenons, grâce aussi à la réaffirmation incessante du vouloir-vivre de l'espèce, comme l'a indiqué Schopenhauer, une existence équilibrée et accomplie est possible.
Le vouloir-vivre-mieux réside dans l'inconscient : car en fait c'est quand l'homme n'est pas suffisamment conscient que tout va mal. Voilà pourquoi il est fort important de s'intéresser à l'inconscient !


Pour terminer enfin ce premier billet, voici un extrait* du très répandu et néanmoins moins connu épicurisme qui place en réalité la jouissance et le plaisir de l'homme dans l'absence de trouble dans l'âme, et l'exercice permanent du discernement. Je pense que cette posture de vie s'acquiert beaucoup plus vite au moyen de l'élargissement du regard que procure l'inconscient :

"Partant, quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, il ne s'agit des plaisirs déréglés ni des jouissances luxurieuses ainsi que le prétendent ceux qui ne nous connaissent pas, nous comprennent mal ou s'opposent à nous. Par plaisir, c'est bien l'absence de douleur dans le corps et de trouble dans l'âme qu'il faut entendre. Car la vie de plaisir ne se trouve pas dans d'incessants banquets et fêtes, ni dans la fréquentation de jeunes garçons et de femmes, ni dans la saveur des poissons et autres plats qui ornent les tables magnifiques, elle est dans un raisonnement vigilant qui s'interroge sur les raisons d'un choix ou d'un refus, délaissant l'opinion qui avant tout fait le désordre de l'âme"(*Extrait de Lettre à Ménécée, d'Epicure, traduction de Pierre Pénisson, Hatier "Classique Hatier de la philosophie"1999)


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