13 février 2013

Prière à Eros


En cette période qui met en l’honneur l’amour, il m’est venu l’envie de publier le texte ci-après, que j’ai retrouvé grâce à Amezeg, dans le livre de MF von Franz, « l’âne d’or ». Il s’agit d’une très belle prière  faite au Dieu de l’amour, prière tirée d’un papyrus magique.


« Je t’évoque, Origine de tout Devenir, qui étends tes ailes sur le monde entier. Toi l’inapprochable, l’infini qui inspires des pensées de vie à toute âme, qui as relié toutes choses par ton pouvoir. Premier-né, créateur de l’univers, aux ailes d’or, être sombre, toi qui voiles les pensées toutes raisonnables et inspires de sombres passions, toi qui vis secrètement dans toutes les âmes, tu crées le feu invisible, touchant tout être animé, le torturant infatigablement de plaisirs et de délices douloureux, depuis que l’univers a existé. Tu entraînes la souffrance par ta présence, toi, parfois raisonnable et parfois insensé, toi pour qui les hommes violent leurs devoirs par des entreprise hardies et qu’ils appellent à l’aide, toi le sombre. Toi le dernier-né, le sans-loi, le sans-merci, l’inexorables l’invisible générateur sans corps des passions, archer, porteur de torche, seigneur de toute perception spirituelle et de toutes les choses cachées, seigneur de l’oubli et père du silence, par qui luit toute lumière, jeune enfant quand tu nais dans le cœur, vieillard, quand tu es consommé… »

Dans un billet précédent, j’évoquais les desseins cachés d’Eros, forces agissantes de l’amour qui poussent à connaître nos conflits et désunions intérieurs, et pour finir, à  découvrir notre nature intérieure, l’âme ou la totalité en soi. « L’amour avec la passion et la souffrance qu’il entraîne devient un des principaux aiguillons de l’individuation », voilà qui est très bien résumé, je trouve, par MF. 



8 commentaires:

  1. Anonyme5:46 AM

    Bonjour Isabelle,

    Sans doute faut-il un jour retirer les projections trop dévorantes et faire retour à Soi après avoir connu les délices et les souffrances qu’elles induisent...?
    *Comme l’a souligné Lao Tseu : « Si l'on veut comprimer quelque chose, il faut d'abord le laisser se dilater comme il faut. » Le jeu d’Éros nous fait entrer dans le monde où se dilatent nos passions, nous fait échapper à la torpeur dans laquelle nous tiendrait enfermés une existence d’automates biologiques.
    « Aussi, dans d’autres représentations, voit-on Éros presser douloureusement le papillon contre sa poitrine, montrant par là que l’âme est en même temps développée et suppliciée par le dieu de l’amour. » écrit M.L. von Franz dans ce même chapitre Amour et Psyché de " L’âne d’or " où elle parle aussi de purification de l’âme : « On le figure aussi (............) tenant un papillon et le brûlant sadiquement à sa torche, ce qui signifie qu’Éros, dieu de l’amour, est le grand tortionnaire de l’âme humaine en même temps que son grand purificateur. ».

    Le feu des passions consumerait ainsi peu à peu l’éphémère et forgerait un métal plus durable que ces passions. Feu alchimique sans doute lorsque l’être se soumet en conscience à cette flamme qui le dévore, feu qui dégagerait peu à peu de sa gangue une certaine "pierre" que la flamme ne saurait consumer.

    Éros, agent divin d’une dispersion devant conduire à un rassemblement nouveau de ce qui s’était dispersé dans les mille choses ? Réunification plus consciente, dessein mystérieux du Créateur de toutes choses qui arma chacun de nos petits vaisseaux et nous voulut pêcheurs de conscience en ce monde...?

    « Pour autant que nous soyons à même de le discerner, le seul sens de l’existence humaine est d’allumer une lumière dans les ténèbres de l’être pur et simple. Il y a même lieu de supposer que, tout comme l’inconscient agit sur nous, l’accroissement de notre conscience a, de même, une action en retour sur l’inconscient. », dit Jung dans " Ma vie " à la fin du chapitre intitulé De la vie après la mort.

    Amezeg

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  2. Bonjour Amezeg,

    "Sans doute faut-il un jour retirer les projections trop dévorantes et faire retour à Soi après avoir connu les délices et les souffrances qu’elles induisent...?"
    Les projections que vous évoquez concernent je suppose celles de l’animus (pour la femme) et celle de l’anima (pour l’homme). Le masculin inconscient, ou le logos, chez elle et le féminin inconscient, ou l’Eros chez lui.
    Forces dévorantes, c’est tout à fait ça, parce que démoniques. Jung a toujours soutenu que la rencontre avec les archétypes représentait un grand danger, à fortiori avec les archétypes de l’androgynie, animus-Logos et anima-Eros. Mais pour revenir à Eros, finalement, en mettant un terme aux projections en question, il peut permettre peu à peu l’intégration de ses images dans la conscience. Anima et Animus devenant alors ce que vous soulignez, ces portes d’entrée à la totalité de l’inconscient.

    Sur l’âme malmenée, je trouve la représentation d'Eros pressant doulouresement un papillon, très parlante ; pour l'illustration de ma note j'ai cherché sans succès, l'image d'un Eros tenant un papillon.
    Il est vrai que si l'âme n'était pas malmenée, il n’y aurait pas d’éveil de la psyché, et donc de psyché consciente. Car à la base, la psyché est inconsciente. Comme le disait Jung, on confond souvent conscience et psyché. Prenons l’exemple de l’enfant ; il possède bien un fonctionnement psychique alors qu’il n’a pas forgé de moi conscient encore.

    "Le feu des passions consumerait ainsi peu à peu l’éphémère et forgerait un métal plus durable que ces passions. Feu alchimique sans doute lorsque l’être se soumet en conscience à cette flamme qui le dévore, feu qui dégagerait peu à peu de sa gangue une certaine "pierre" que la flamme ne saurait consumer".
    C’est très beau ce que vous écrivez là. Eros, en effet aide à trouver notre Soi à mesure qu’on transforme celui-ci. Il nous transforme autant qu’il se transforme. Eros étant le féminin profond qui réside en chacun de nous…Et fait référence à la spiritualité féminine non encore advenue dans la civilisation actuelle.

    "Éros, agent divin d’une dispersion devant conduire à un rassemblement nouveau de ce qui s’était dispersé dans les mille choses ? Réunification plus consciente, dessein mystérieux du Créateur de toutes choses qui arma chacun de nos petits vaisseaux et nous voulut pêcheurs de conscience en ce monde...?"
    Vous faites allusion à la différenciation, je suppose. Dans les Sermons de Jung, Basilides ne dit-il pas aux morts chrétiens qui n’avaient connus aucune évolution psychologique ; en l’absence de différenciation, « nous tombons dans le Pleroma lui même et cessons d’être des créatures. Nous sommes abandonnés à la dissolution dans le vide. Ceci est la mort de l’être vivant ». Je suis convaincue que nombres de pathologies actuelles, dont le problème de l’angoisse, résultent d’une trop forte indifférenciation, ou encore infidélité à sa nature d’où une perte tragique de sens qui se répand dans le monde.

    Merci encore pour vos remarques profondes et très agréables à lire
    isabelle

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  3. Là où va Amezeg, on peut être certain que la réflexion, et une inspiration jungienne sont présents. Je vais devenir une habituée et surtout te mettre dans mes liens (où je dois faire un peu de ménage !)

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  4. Merci Ariaga d’être là ! Je suis sincèrement heureuse d’être en lien avec ton blog que je mettrai dans ma future rubrique liens dés qu’elle sera créée.
    A très bientôt !

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  5. Bonjour...
    Eros ou la sexualité qui tombe...amoureuse...
    Ce n'est pas par hasard qu'il tombe amoureux de la mystérieuse et tentatrice Psyché !...
    Est-elle le reflet de sa réalité...ou le reflet de ce qu'il voudrait être...
    Lui renvoie-t-elle l'image de son être ou de son paraître ?...
    Je me demande si Psyché... de victime ne soit dans sa finalité une belle séductrice !...
    La séduction...domaine insondable où s'égare parfois la curiosité !...

    Suivant les traces d'Ariaga...je découvre votre blog...un régal pour une adepte jungienne...
    Michèle

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  6. Bonjour Michèle
    et merci de votre visite. C'est un réel plaisir d'accueillir une autre adepte de Jung.
    Je suis allée moi même visiter votre blog, un bel univers foisonnant de pensée profondes..

    Sur Eros, j'ai trouvé très Intéressantes les réflexions que ce dieu vous inspire. On a généralement l’habitude de considérer Eros, comme étant celui que met l’âme (Psyché) à l’épreuve. N’est-ce pas Eros qui, toujours prêt, décoche sa flèche ? Vous, vous proposez de placer Eros comme étant celui qui est éprouvé par Psyché et son pouvoir de séduction. C'est une approche toute autre, et qui me plaît car elle permet d'exprimer, il me semble d'autres aspects du travail que fait faire le couple Eros/Psyché.
    En fait, ce que vous suggérez m’évoque un Eros en souffrance et qui survient lorsque une Psyché non encore éveillée, prend l’aspect chez la femme, d’une femme-anima ; c’est à dire d’une femme qui désire paraître telle que l’homme aimé désire qu’elle soit (l’acte de séduction) - une psyché morte en quelque sorte. Dans pareil cas, les deux protagonistes, Eros et Psyché semblent bloqués, il me semble : Psyché, vous dites belle tentatrice, mais néanmoins pour moi toujours victime, car restant confinée à un rôle, et Eros, muselé voit toutes ses possibilités d’évolution disparaître…
    Peut être pouvons nous dire comme vous, Psyché l'instrument d'Eros, et inversement aussi, Eros l'instrument de Psyché car ne cherchent-ils pas sur leur route la lumière toujours ensemble ?

    A très bientôt Michèle,
    isabelle

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  7. Anonyme8:32 AM

    L'amour est dévastatrice comment la démontré l'histoire de psyché elle qui est devenue follement amoureuse d'Éros en le regardent (strictement interdit) car elle avait peur de tomber sur un monstre on comprendre un premier sens de l'histoire mais un deuxième sens est caché
    L'histoire de Psyché nous à démontré que l'amour est source de malheur mais surtout que l'amour est "monstr"ueuse et qu'elle ne pardonne les erreurs
    Je suis désolé des fautes d'orthographe mais j'espère que ma théorie vous a plus

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  8. Merci de votre visite et de donner votre point de vue. Oui, l’amour peut causer la douleur. Mais aussi, comme le disait Alain Badiou, "l’amour c’est une transformation..."

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