05 décembre 2025

La vie revient par l’endroit exact où la psyché avait été entamée

 


Pendant que je poursuis mon écriture sur le féminin blessé, hier soir, j’ai rêvé d’une image d’une précision incroyable : une entaille sur mon petit orteil droit, d’où coulait une eau très claire. 

Le pied, c’est le lieu où l’âme peut s’ancrer et tenir débout. Le petit orteil, c’est la partie la plus extrême, vulnérable et la plus oubliée — celle qui soutient pourtant tout l’équilibre intérieur. 

Voir une entaille à cet endroit, c’est rencontrer la blessure subtile du féminin, mais déterminante. Et de cette blessure coulait une eau claire : le signe que le flux psychique revient, qu’Éros recommence à circuler, que la vie se remet en mouvement. 

Sur le pied droit — le côté du conscient et de l’incarnation — ce symbole dit encore que le processus ne reste plus dans les profondeurs, il cherche à vivre, à irriguer, à écrire... 

Cette image dit encore, que la guérison du féminin ne revient jamais par le grandiose et encore moins par la perfection. Elle recommence par le minuscule, par ce qui est fragile. Là où ça avait été entaillé. 

Quand la blessure s’ouvre, la lumière commence à travailler. 


Petite note explicative 
Le féminin intérieur ne désigne pas « la femme », ni un attribut biologique. 
Dans le langage jungien, il s’agit du féminin psychique — un principe symbolique de réceptivité, de relation, de gestation intérieure présent en chacun(e), mais rarement reconnue. 
Chez l’homme, il est souvent représenté par l’anima ; chez la femme, il peut être blessé, déformé ou non encore différencié, justement parce que son principe de base est le féminin. Dans notre tradition, la figure de Marie est l’une des rares images symboliques disponibles pour représenter ce féminin intérieur. 

Notre culture lui offre si peu d’images que beaucoup en portent la blessure sans le savoir : un féminin enfoui, archaïque ou confus, qui pourtant cherche à se différencier, à devenir vivant. 

Dans la psychologie des profondeurs, ce féminin psychique est lié à Éros : non pas la sexualité seulement, mais la force de relation, d’unification et de transformation qui traverse le chtonien et l’esprit, les instincts et la créativité. 

C’est cela que j’appelle la clinique du féminin : un travail intérieur où la transformation de la libido et l’action d’Éros jouent un rôle central dans le processus d’individuation.


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