27 avril 2020

Le processus d'individuation au masculin

Je profite du temps libre qui m’est offert, grâce au confinement pour me plonger dans la lecture d’extraits de livres que j’ai beaucoup aimés. Le dernier en date étant le récit de l’initiation de Lucius au mystère d’Isis qui se trouve dans le célèbre roman fantastique d’Apulée, L’âne d’or. Ce récit qui constitue le chapitre final, décrit avec l’intensité inhérente à l’archétype, la puissance de métamorphose et de transformation intérieure que les puissances archétypales représentées sous formes imagées de Dieux ou Déesses, sont susceptibles de déclencher chez l’aspirant à (re)trouver sa forme vraie et entière.
Marie-Louis von Franz, dans son livre, l’interprétation du conte d’Apulée, L’âne d’or, suggère une analogie évidente entre les mystères anciens et le processus d’individuation. Son interprétation du conte, L’âne d’or, pointe en particulier le processus d’individuation chez l’homme dont voici dans le texte ici-bas quelques caractéristiques que résume très bien dans la préface du livre, Saint René Taillandier-Perrot. Ce texte m’a plu, car il décrit en peu de mots, la fascination, les pièges et les embûches du travail d’individuation, sans oublier de faire état des retombées psychologiques observables dans la clinique du quotidien.


"Lucius, personnification d’un des aspects d’Apulée, qui aspire à l’aventure intérieure, quitte sa patrie pour aller visiter celle de sa mère, la Thessalie, tenue pour terre des sorcières. C’est que, clair esprit latin (comme nous le précise son nom lui-même) il est fasciné par l’autre face de la réalité, l’aspect “sombre”, chthonien, sexuel, magique de la vie, et par tout ce qui est émotionnel, instinctif, par tout ce qu’il sent vivre dans ses propres profondeurs et dans le monde et qui n’est pas préhensible par la seule raison logique. En un sens, il est déjà appelé, séduit par le besoin de vivre toutes les sortes d’expériences, de ne rien refuser du réel et d’épanouir la totalité de son être. Ce qu’il ignore et qu’il apprendra  à ses dépens, c’est que nous ne pouvons pas approcher les grands mystères de la vie et du monde en curieux, en esthète ou en érudit, car, en ce cas, ou bien nous restons à la surface de nous-mêmes et les forces obscures que nous refusons continue à nous miner par en dessous, ou bien nous sommes submergés par elles, ou bien encore nous cherchons à nous les approprier par la magie et les pouvoirs, et ce sont elles qui nous possèdent. Lucius devient donc le captif des forces obscures et il est transformé en âne : sous une forme imagée qui est celle, naturelle, des mythes et des rêves, c’est-à-dire qu’il est tombé dans une semi-conscience animale. C’est l’état de quelqu’un qui vit une phase de dépression profonde, d’hébétude, d’inadaptation à la vie, et qui en souffre".

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